En cours de chargement...
Le passage des jeux traditionnels aux sports modernes a fait l'objet de nombreux travaux notamment dans le champ de l'histoire du sport, soulignant les évolutions subies par les jeux traditionnels au contact de l'ère contemporaine, et analysant l'avènement du processus de "sportivisation". Ils montrent que soit les jeux se sont transformés en sport en acceptant les règles de la modernité mais ont affaibli leur singularité traditionnelle, soit que leur rejet du nouvel ordre sportif les a plongés dans la confidentialité, parfois dans l'oubli.
L'observation des joutes languedociennes montre que leur développement dans l'univers de la modernité se dissocie de la logique de diffusion des autres pratiques traditionnelles, bien que soumises, elles aussi à un processus de "sportivisation". L'enracinement local et l'enthousiasme des pratiquants qu'elles suscitent ne laissent apparaître ni un effacement des valeurs traditionnelles, ni un essoufflement de la pratique, bien au contraire.
Dès lors, une question centrale émerge : par quels processus ce jeu traditionnel se pérennise-t-il dans l'univers de la modernité ? Une approche ethnologique fondée sur un travail d'enquête ethnographique minutieux lié à l'observation participante, permet de comprendre de l'intérieur les ressorts intelligibles d'une pratique sociale et culturelle. Ce travail interroge la dichotomie tradition/modernité et montre qu'à l'opposition classiquement usitée peut se substituer un espace hybride, source d'une possible articulation.
Les joutes font l'objet d'un processus de compromis qui, entre ces deux pôles, prend la forme d'un syncrétisme axiologique. Elles sont un "sport traditionnel", entre performance et jeu, entre compétition et loisir, entre activité touristique locale et patrimoine culturel. Dans l'intervalle, elles représentent la figure d'une pratique ludique qui s'inscrit à la croisée d'événements modernes et de fêtes ritualisées.
