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Les droits de l'homme ? Après la Seconde Guerre mondiale, ils apparaissaient comme une promesse universelle de paix et de justice. Aujourd'hui, ils sont devenus un champ de bataille idéologique, le terrain sur lequel se confrontent les civilisations en lutte. Car les droits de l'homme sont d'abord le reflet de notre conception de l'homme. Or, celle-ci a beaucoup changé depuis la rédaction de la Déclaration universelle, en 1948.
Alors que cette déclaration d'après-guerre s'inspirait encore des droits naturels, l'affirmation de l'individualisme a généré de nouveaux droits antinaturels, conduisant aujourd'hui à l'émergence de droits transnaturels qui promettent le pouvoir de transformer la nature. A l'oeuvre au coeur de cette transformation : la réduction de la dignité humaine à la seule volonté individuelle, au mépris du corps.
Au-delà, les droits de l'homme accompagnent discrètement le transhumanisme, oeuvrant au dépassement de la démocratie représentative. Grégor Puppinck est docteur en droit, directeur du Centre européen pour le droit et la justice (Strasbourg), expert auprès d'organisations internationales et des services diplomatiques du Saint-Siège. Il est l'auteur de plusieurs livres, comme La Famille, les droits de l'homme et la vie éternelle, 2015 (Prix Humanisme Chrétien 2016).
Enfin un exposé structuré et raisonné!
Voici une étude claire et simple d'accès, sans rien céder en termes de rigueur juridique, sur l'évolution des "droits de l'homme".
Deux visions incompatibles de l'Homme s'affrontent.
L'une affirme que seul le 'spirituel' importe, le corps est secondaire; la dignité humaine est donc liée à la capacité intellectuelle et au pouvoir (argent ou autre) et varie dans le temps. Cette vision a été portée par Julian Huxley, premier directeur général de la naissante Unesco en 1946, lors des discussions tendues pour la rédaction de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme (DUDH) de 1948.
La deuxième prend en compte l'Homme dans son intégralité, selon l'idée de 'personne' qui a lentement émergé en deux millénaires et demi: la personne est un ensemble de composantes, biologique, intellectuelle, affective, spirituelle, historique..., idéalement en équilibre. Dans ce contexte la dignité humaine est intrinsèque et ne dépend pas des conditions extérieures ni de son état.
Les philosophes reconnaitront dans la première la doctrine de Calliclès exposée dans le 'Gorgias' de Platon: aux forts le butin sans limite, aux faibles l'exclavage. On peut rappeler que ce dernier voyait la matière comme mauvaise, et l'existence due à une 'étincelle divine' tombée sur terre, dans le corps d'un homme (mâle) fort et puissant pour les plus brillantes, avec une décroissance de la condition sociale conjointe à celle de "l'énergie divine", voire dans un corps féminin pour les plus faibles (c'est la vision de Platon, pas celle du rédacteur!), puis dans les animaux avec leur propre hiérarchie...
L'intérêt de l'analyse proposée est de mettre en lumière les conséquences juridiques de ces deux lectures, où les mots ont des significations différentes. C'est une lecture lumineuse des conflits actuels.