-
XXe siècle
-
Paris 20e siècle
-
Arcachon
Ce roman commençait bien. Jusqu'à la page 100, j'avais relevé quelques maladresses de style, des petites phrases bancales (« les bateaux font des incisions blanches en silence sur le bassin ») et une omniprésence du présent, mais on s'habitue.
Ensuite, tout se corse.
L'histoire de Lorraine Ageval, que l'on suit dans sa dérive, m'avait bien accrochée, comme celle d'autres personnages qui gravitent autour d'elle.
Et puis tout à coup, Lorraine rentre à Paris avec Iohan dans ses bagages, sans crier gare sur un coup de tête. C’est alors que tout se corse.
Tandis que le personnage
de Lorraine suit son chemin de dépressive droguée aux tranquillisants, l’auteur emporte Iohan dans des scènes orgiaques au bois de Boulogne, en boite de nuit, dans une voiture…
Ne vous inquiétez pas, il ne vous épargnera rien, ni les positions, ni les gestes des participants, décrits avec une exactitude de phrases et de vocabulaire qui m’a franchement rebutée.
Il ne s’agit pas de pruderie, mais je ne vois pas ce que cela apporte à l’histoire. D’ailleurs, j’ai fini par passer la plupart de ces pages sans que cela m’empêche de suivre le reste.
C’est superflu et sans lien réel avec l’histoire de Lorraine qui se serait sans doute suffit à elle-même.
Dans la même veine, on ne comprend pas pourquoi l’histoire se passe en 1993.
J’ai bien pensé au sida (vu tous les hommes que Iohan « croise »), mais il n’en est jamais question.
Ou alors il s’agit du Poivre du titre. Si c’est le cas, c’est un peu tordu mais admettons.
(Je ne vous en dis pas plus, ce serait dommage tout de même).
Au final, cela donne donc un roman qui pourrait être intéressant, mais qui se révèle déséquilibré, avec des maladresses parfois agaçantes et un trop plein de sexe injustifié.
Epicé mais pas vraiment emballant
Ca démarre plutôt pas mal : Arcachon, une jolie villa vieillotte au bord du bassin et à l'intérieur trois femmes, cinquantenaires, dont une ancienne star de la chanson et du cinéma, Lorraine Ageval. Un peu dépressive suite à la séparation d'avec son richissime mari pour lequel elle avait interrompu sa carrière quinze ans plus tôt, elle semble sur le point de lâcher prise. Dans une ambiance un poil surannée, nous sommes dans les années 90, le temps s'écoule doucement entre dîners dans les villas voisines et journées interminables sous le soleil estival.
Malgré quelques raccourcis pas très clairs (on ne sait pas toujours qui parle à qui et de quoi), Olivier Bouillère plante une ambiance évanescente qui correspond bien à la personnalité de son héroïne, chose fragile et vaporeuse, qui erre, chic et distinguée, dans un monde qui lui échappe déjà. Mais voilà qu'apparaissent deux personnages masculins. Le premier est un jeune cinéaste underground qui va faire tourner Lorraine dans un film expérimental voué à l'échec. Le deuxième est un tout jeune homme indolent qui va devenir l'ombre de l'ex star, sa doublure aussi bien lumière que corps. Comme tous les deux sont gays, leurs ébats glauques au bois de Boulogne ou avec des types tordus vont nous être décrits avec précision. Cela n'apporte pas grand chose à l'intrigue. Ca nous rend seulement ces deux personnages vite insupportables, surtout Iohan, le jeune homme, sorte de sex-toy sans affect que l'on traînera jusqu'à la fin. Sont-ils là pour mettre un peu de poivre (du titre) dans cette histoire ? Peut être...
Au final, que penser de ce roman ? A mon avis, à demi réussi, un poil trop long, bizarrement construit comme si on voulait à tout prix faire original, il possède toutefois des qualités d'écriture indéniables. Il parvient à enfermer le lecteur dans une atmosphère cotonneuse comme s'il était sous l'emprise de médicaments pour neurasthénique. C'est particulier, je vous l'accorde, mais suffisamment intrigant pour que je guette avec intérêt le prochain livre d'Olivier Bouillère.