Le garçon, c'est avant tout une histoire d'amour sublime, et une question : l'amour est-il plus fort que la guerre ? L'autre question qui parcourt ce roman est : cette tribu d'indiens de l'Amazonie, qui vit loin de tout, est-elle plus civilisée que ces hommes blancs, dont les corps et les membres se volatilisent et se déchiquettent sous des amas de bombes et des pluies de balles, dans un fracas assourdissant ? Le garçon, héros muet, quasiment hors de tout, qui se retrouve seul après le décès de sa mère, va traverser ces mondes et ces questions à l'orée du 20e siècle. Il voudra s'intégrer,
fera quelques rencontres, dont une plus importante que les autres, avec l'amour d'Emma, jeune femme libre, curieuse et entichée de musique classique et de littérature. Ensemble, ils expérimenteront leurs corps et les multiples combinaisons qui en découlent. Ces scènes fort explicites sont tout autant réussies et bien écrites que les scènes de guerre à hauteur de soldat, le niveau d'écriture et de langue étant assez impressionnant tout du long. Le roman, récompensé du prix Femina 2016, est intense, émouvant, archi-documenté historiquement, et traverse toutes les émotions.
Mon passage préféré (pages 426 à 429) : la lettre d'Emma envoyée à son amour de soldat, parti au front, chair à canon, quasiment écrite à la cyprine, qui se finit par : "Branle-toi. Branle-moi. Fais-moi jouir mon amour. Et fais jaillir ton foutre à la gueule des canons !"
Un roman intense et magnifiquement écrit
Le roman débute par le mystère, une silhouette étrange qui sort de la brume. On découvre peu à peu qu'il s'agit d'un jeune garçon portant sur son dos une femme plus âgée. Nous allons suivre ce garçon à la destinée si particulière, d'abord errant dans la campagne française, qui va découvrir la chaleur humaine et aussi la cruauté de ses congénères. Puis vient la parenthèse enchantée de l' amour, y compris sous son visage le plus sensuel. Et la guerre de 14, absurde tuerie où la violence des hommes trouve à s'exprimer.
L' auteur rend plusieurs fois hommage au court de ce récit à Victor Hugo. Il est vrai que sa prose lyrique a quelques points communs avec celle du maître.