Chaque année, à la même période, il est là, souvent en grande quantité, sur les étals de nos libraires préférés. On a fini par s’habituer à sa présence. Sans lui, la rentrée littéraire n’aurait pas la même saveur. C’est devenu une lecture « quasi obligatoire ». Vous l’avez deviné, je parle du millésime 2015 d’Amélie Nothomb. Il se nomme cette année « Le crime du comte Neville » et nous offre une belle photo de l’autrice en couverture.
« Ce qui est monstrueux n’est pas forcément indigne » nous aguiche la 4ème de couverture. Voilà une citation bien mystérieuse…
Moins de 2h après, je résumerai mon ressenti (oui oui il faut rester dans le ton du livre donc utilisons le mot ressenti) : Bof ! C’est un peu léger tout cela Madame… Ça fait cher la nouvelle tout de même!
Si ce n’était pas Amélie Nothomb, aurais-je réagi ainsi ? Aurais-je eu le même ressenti ? Je ne pense pas…
Rembobinons la pellicule et prenons les choses dans l’ordre.
Le crime du comte Neville est donc une grosse nouvelle plus qu’un roman (140 pages à peine et encore écrit assez grand avec des interlignes et structurés en courts chapitres). Il se lit donc très (trop) rapidement, surtout que de nombreux dialogues dynamisent l’histoire.
L’intrigue est nouée autour du comte Neville (famille aristocrate belge). Ruiné, le comte va organiser la dernière grande Garden Party dans son château avant de se résoudre à le céder. Mais suite à la fugue de sa fille Sérieuse, une voyante que le comte n’apprécie guère, lui annonce que lors de celle-ci, il tuera l’un des invités. Durant tout le livre, le comte va combattre cette sombre prophétie car « Malheureusement il était comme presque tout le monde : il ne croyait les prédictions que si elles le concernaient. Même le sceptique le plus cartésien croit en son horoscope ».
Comme à son habitude, Amélie Nothomb se base ou fait allusion à des références littéraires. Ici ce sera Oscar Wilde et son Crime de Lord Arthur Savile, la mythologie grecque avec les prénoms de deux des enfants du comte, Oreste et Electre. Point positif : on se cultive et cela donne envie de relire l’opus de Oscar Wilde.
Comme à son habitude, on retrouve une critique en creux de l’aristocratie, de la noblesse belge (ici ce sera son père).
Comme à son habitude, on retrouve l’écriture et le style d’Amélie Nothomb. Les phrases sont courtes, simples, non dénuées d’humour ni de légèreté. Mais cette fois je suis quand même resté sur ma faim et n’est pas ri.
Les fulgurances sont rares même si ces descriptions sont toujours aussi belles.
« Son père sombre taciturne, coléreux, se transformait lors des réceptions en un homme prolixe et disert, souriant et gracieux ; sa mère timorée se muait soudain en une femme du monde, bien habillée, pleine d’aisance. »
Tout cela permet une lecture relativement fluide et agréable, mais sans plus.
Si j’ai apprécié les échanges père/fille au cours des nombreux dialogues (clairement mon thème préféré du livre), j’ai trouvé l’intrigue trop légère et « assez plate ». Il y a certes des rebondissements, mais j’ai trouvé que cela manquait de profondeur. Rien n’est approfondi et cela ressemble un peu à un travail ni fait, ni à faire. Cela démarrait pourtant agréablement mais j’ai fini par m’ennuyer.
Quant au dénouement… je préfère m’abstenir de tout commentaire et vous laisse le découvrir. Oui il y a beaucoup à dire dessus !
En conclusion, je serai donc sévère avec Amélie Nothomb. Je ne dirai pas que je n’ai pas apprécié (ce n’est certes pas son meilleur roman mais ce dernier opus tient grosso modo la route) mais je reste trop sur ma faim ! J’attends plus de cette autrice. On est loin de la qualité de ces premiers romans…
2/5
http://alombredunoyer.com/2015/09/08/le-crime-du-comte-neville-amelie-nothomb/
savoureux !
Un homme, aristocrate mais ruiné, après avoir consulté une voyante, apprend qu’il va tuer un invité lors de sa Garden-Party annuelle. Pour lui éviter des ennuis, et parce qu’elle souffre du mal chronique des adolescents, sa fille se porte volontaire! Dans son dernier cru, Amélie nous fait rire par la fantaisie des situations qu’elle provoque, tout en dressant un portrait mélancolique de la noblesse actuelle. À savourer sans modération!