Le Boîtier de Pandore - Grand Format

Le Baiser de Judas, photographie et vérité (Actes Sud, 1996) était une réflexion sur le doute au sujet de la prétendue vérité transmise par l’image photographique. Le Boîtier de Pandore ou l’Homo photographicus en constitue une suite, quinze ans plus tard, alors que le monde, et particulièrement le monde de l’image, a radicalement évolué. Après avoir traversé révolution numérique et culture postmoderne, nous nous trouvons dans une situation de profond changement où Internet et les réseaux sociaux canalisent une grande partie de nos vies et de leur gestion politique.
Déroutée par la technologie numérique et déplacée de ses fonctions essentielles, la photographie n’est plus la même. Face à la confusion ou à l’aveuglement, Joan Fontcuberta fait le compte de ce qu’il en reste : les vestiges de l’authenticité et du documentaire, les vestiges de valeurs qui ont servi de moule au regard moderne et ont contribué à notre bonheur. Le Boîtier de Pandore n’est pas conçu comme un ouvrage théorique, avec méthodologie et appareil critique, mais plutôt comme une série de textes, de récits et d’évocations poétiques d’un artiste qui ne cesse d’interroger ses pratiques et leur environnement et qui, à travers cet ensemble de réflexions empiriques, nourrit de longue date toute une pensée de la photographie.
Ce n’est donc pas un essai destiné aux spécialistes, mais plutôt à tous ceux qui, aujourd’hui, prennent des photos pour une raison ou pour une autre, soit… tout le monde. Ce livre affirme et annonce que la photographie n’est plus une affaire réservée aux professionnels, mais qu’elle est devenue une forme naturelle de relation (sociale, identitaire, créative, politique, etc.) qui nous concerne tous.
Fidèle au principe qu’une photo vaut mieux que mille mensonges, Fontcuberta nous éclaire sur la nature de la nouvelle photographie (numérique) et de ses errements. Il sous-entend qu’une ère nouvelle se fait jour dans laquelle l’art de la lumière aspire maintenant à devenir l’art de la lucidité.