Qui ne se souvient des échanges savoureux entre le curé Don Camillo et le maire Peppone, dans un petit village de l'Emilie ? A leur image, les Italiens furent farouchement opposés pendant plus de cinquante ans entre communistes et anticommunistes. La chute du mur de Berlin d'une part, l'usure et les scandales d'autre part se sont combinées pour miner ces deux identités collectives. L'Italie actuelle, tiraillée par des tentatives sécessionnistes, est en mal d'un pacte national. Sur quoi reposait cette unité rendue si fragile aujourd'hui ? Et si elle n'avait jamais été qu'un leurre, un mythe brandi par l'Eglise pour assurer son hégémonie ? Enzo Pace relit l'histoire italienne comme une série de tentatives toujours avortées pour créer une réelle nation. Dès lors, une question s'impose, qui concerne l'Europe entière : comment construire un pacte national après la chute du communisme, l'ennemi historique ? Comment, à l'heure de la construction européenne, mettre en place une appartenance nationale qui ne se joue plus exclusivement sur des bases ethno-religieuses ?