Si le rôle joué par le dessin dans l'alchimie de la peinture n'est plus à démontrer, plus secrète est sa place dans le domaine des arts décoratifs. Cette dernière, pourtant, apparaît aussi essentielle dans le processus créatif que le choix de la technique, si important en ce XIXe siècle d'une vitalité fantaisiste et d'une curiosité inlassable pour les oeuvres du passé et le spectacle de la nature.
Si l'on connaît les fonds des grandes manufactures et des grandes maisons, comme Sèvres, Baccarat, Chaumet ou Tiffany, les dessins épars restent plus rares, le destin ne les a sauvés qu'avec parcimonie de la destruction. Depuis sa création, le musée d'Orsay en a assemblé une collection significative dont une sélection est présentée dans cet ouvrage, afin d'évoquer les créations des artistes les plus emblématiques : Viollet-le-Duc, Lassus, Rudolphi, Fannière, Zoegger, Bugatti, Lalique ou Van de Velde.
Dans leur extrême diversité, ces feuilles rappellent la richesse du dessin d'ornement et d'art décoratif, et son statut complexe : première pensée d'une création à venir ou jamais achevée, souvenir du grand ouvre accompli, parfois même unique trace d'objets disparus.