Le professeur Stradi, un vieil universitaire extravagant et visionnaire, veut restaurer la beauté, seule capable à ses yeux de sauver le monde. Dans des situations où la poésie le dispute à l'espièglerie, il s'efforce de chasser l'intrusion décevante du réel pour en appeler à "la vie haute", habitée par le rêve, l'espérance et les mondes réinventés. Son lyrisme révolutionnaire n'est pas sans intriguer un grand reporter qui promène sa sagacité sur un petit monde pittoresque qu'un fil invisible semble relier. Chacun en effet exprime à sa manière une soif de beauté qui, à travers esthétique et éthique, requiert la délicate alliance de l'émerveillement et de la révolte, de l'apologie et du réquisitoire, de l'idéalisme et de l'engagement. Des descriptions d'une exquise délicatesse - qu'il s'agisse de lieux, authentiques ou imaginaires, ou de paysages intérieurs côtoient des passages d'une folle exubérance. Ainsi qu'y invite le pays (la Hongrie) dans lequel se noue l'intrigue, on oscille entre la mélancolie douce et la jubilation, au point qu'on ne sait plus trop parfois s'il convient de rire ou de pleurer. C'est ce qui donne à ce récit son charme singulier, tantôt suave, tantôt piquant, alors que sans le savoir encore, on parcourt des sentiers aux panoramas mystiques de toute beauté, avant d'escalader bientôt des questions existentielles pour aboutir, après une course non dénuée de suspense et de francs éclats de rire, à des points de vue remarquables sur la vie et son sens.