L'art du chef d'orchestre (1878) ; De l'exécution d'ensemble (1888)

Le dix-neuvième siècle consacre l'ascension irrésistible d'un nouveau venu dans le monde de l'interprétation musicale : le chef d'orchestre. Son pouvoir et son prestige iront croissant jusqu'à nos jours. Loin pourtant d'un numéro de divination ou de magie, comme le public aime à le croire, son art doit s'appuyer sur une connaissance profonde dans tous les domaines de la musique. Les opuscules de Berlioz (Le chef d'orchestre, théorie de son art, 1855) et de Wagner (Über das dirigieren, 1869) précèdent de peu les ouvrages de Deldevez, qui va détailler et illustrer tous les aspects de la fonction et de la formation du chef d'orchestre. Débordant souvent le cadre de la direction d'orchestre, Deldevez nous livre en filigrane les éléments essentiels d'une éthique de l'interprétation que la situation actuelle du monde musical rend plus précieux encore. Édouard-Marie-Ernest Deldevez (1817-1897) montre dès son plus jeune âge d'heureuses dispositions pour la musique. Il accomplit ses études au Conservatoire de Paris sous la férule d Habeneck, Reicha et Halévy, pour ne citer que les plus connus parmi ses maîtres. Après vingt ans passés comme violoniste dans les plus grands orchestres de la capitale, Deldevez entame une carrière de chef d'orchestre qui le verra atteindre les trois postes les plus prestigieux, l'Opéra de Paris, la Société des Concerts du Conservatoire et la classe d'orchestre du Conservatoire. Tout en continuant de composer (c est à lui qu'échoit la composition de la cantate Officielle pour le sacre de Napoléon III), il ne cessera de publier des ouvrages sur les sujets musicaux les plus divers, qui valent autant par la qualité de l'érudition que par la hauteur de vue.