Paradoxe ? Si les rayons des librairies se remplissent de guides, de revues gastronomiques, d'encyclopédies de vignobles, de cépages, de techniques oenologiques, on y trouve peu d'ouvrages sur l'histoire culturelle du vin, et moins encore sur le vin et les religions. Et pourtant, le vin occupe dans l'histoire de l'humanité une telle importance culturelle et symbolique que parmi les innombrables variations qui peuvent être proposées, la dimension religieuse en est sans doute la plus pertinente.
On conçoit aisément qu'une boisson aussi euphorisante et mystérieuse soit au cœur des grandes religions révélées. Le vin est la préfiguration de la boisson divine réservée aux élus dans le Paradis d'Allah, réminiscence de la Terre promise lors de la bénédiction du sabbat juif, et pour les chrétiens, l'une des deux espèces sous lesquelles le Christ se fait chair, lors de la consécration du prêtre pendant l'Eucharistie.
Pour cette aventure historique, religieuse et viticole, l'auteur a choisi un cheminement chronologique large, de Noé au XXIe siècle, dégagé trois grands chapitres, mis en scène les grands personnages de la Bible, du Coran, et de la cité - patriarches, prophètes, théologiens, évêques, moines, rois, princes, califes, imams, mais aussi la grande foule des anonymes - à travers les banquets, les liturgies, les mœurs, les transgressions, la culture des sociétés juives, chrétiennes et musulmanes, dans leur rapport avec le vin qui, dans cet essai signe une relation privilégiée avec la transcendance.