En cours de chargement...
L'appel a résonné au creux de la nuit : "Votre mari, Raymond Smith, est dans un état critique..." Titubante d'appréhension mais espérant contre tout espoir, Joyce se précipite à l'hôpital dont, guéri d'une banale pneumonie, Ray devait sortir le matin même. A l'arrivée, son compagnon de prés d'un demi-siècle est déjà mort d'une violente et soudaine infection nosocomiale. Sans avertissement ni préparation d'aucune sorte, Joyce est confrontée à la terrible réalité du veuvage.
Au vide. A l'absence sans merci. J'ai réussi à rester en vie est la chronique du combat d'une femme pour tenter de remonter de ce puits sans fond. En proie à l'angoisse de la perte, cernée par un cauchemarde démarches administratives et les absurdités pathétiques du commerce du deuil, Oates décrit l'innommable expérience du chagrin, dont elle ne peut s'extraire que rarement, et à grand-peine, en se tournant vers ses amis.
Avec sa lucidité coutumière, parfois sous-tendue d'un humour noir irrésistible (quand, par exemple, elle se lamente sur l'absurdité des luxueux paniers gargantuesques de saucissons et de pop-corn au chocolat déposés devant sa porte en manière de condoléances), elle nous offre, avec ce livre qui ne ressemble à rien de ce qu'elle a écrit jusqu'ici non seulement une belle histoire d'amour, mais aussi le portrait d'une Joyce Carol Smith inconnue et formidablement attachante.
Impressionnant de sincérité
Un matin comme les autres, Raymond Smith se retrouve aux urgences pour une pneumonie qui lui sera fatale en quelques jours, laissant son épouse littéralement assommée par la rapidité de l'événement.
Joyce Carol Oates, avec le talent d'écriture au scalpel qu'on lui connait, décrit avec une précision froide, quasi scientifique, ces jours de souffrance et de deuil, faits du poids immense et ubuesque du quotidien, d'insomnie, d'agoraphobie, de culpabilité, de perte définitive.
C'est une réflexion intelligente sur le ressenti durant les jours d'hospitalisation, au choc de l'annonce du décès, une chronique de la souffrance et de la solitude, jour après jour. Un livre très personnel, un cri d'amour désespéré face à la perte du compagnon d'une vie, et le journal, parfois absurde, de la vie qui continue, malgré tout.
J'ai été particulièrement touchée par la justesse de son introspection, et très admirative de son talent d'analyse.
Etre capable de thérapie par l'écriture, quand on sait la difficulté de concentration après tout choc affectif!
Un livre triste, bien sur, mais sensible, attachant, jamais pathos et qui parle au coeur de tous.