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Trois amis regardent couler la Loire depuis le pont de Nevers. Ils vont avoir cinquante ans. Ce qu'ils voient depuis le tablier : les grandes veines de courant, l'eau fendue par l'étrave des piles, les marmites tournant sur elles-mêmes, les bancs de sable, les îlots et les troncs flottés. Avant le soir, la songerie des trois camarades prend la forme d'une boutade, c'est-à-dire d'un serment : descendre la Loire à la rame, sur une barque, idée potache qui les conduira à l'océan.
Dans un esquif de quatre mètres carrés, le récit nous emporte sur un parcours long de huit cent cinquante kilomètres. C'est tout sauf un journal de bord ; pas de récit événementiel, une équipée sans hauts faits, rien qui ne concerne les inévitables anicroches propres à ce genre de relations, pas d'appesantissement sur la richesse patrimoniale des régions traversées bref, une chronique antisportive, anticulturelle, une narration dans le désordre.
Fourmillante d'images, cette échappée littéraire s'attache à restituer ce qu'est la perception d'un fleuve parcouru du dedans, à hauteur de paupières. Michel Jullien s'approche au plus près d'une acuité sensuelle et traduit chaque impression physique, auditive et visuelle d'une morne récréation fluviale.
Intervalles de Loire
A l’approche de la cinquantaine, trois copains d'enfance descendent la Loire à la sueur du front et dans les bras de « Nénette », vielle barque au charme intemporel. Une promesse, forgée dans l'ivresse de quelques ballon, un soir d'été.
Déambulation sensorielle, Baluchon de mots, de gestes et d'objets, fragments de paysages, géographie de l'instant et des rivages, la Loire défile sous nos yeux comme autant de tableaux qui craquellent sous l'épaisseur du temps.
La langue de Michel Jullien enfle langoureusement, regorge de richesses, de parfums incolores, le verbe hissé haut, infiniment précis quand le détail, toujours savoureux, se sculpte dans l'oscillation de flots d'une richesse déconcertante.
Autant de petits moments qui font de ces "Intervalles de Loire" une parenthèse délicieuse et cocasse qui écartèle les lisières du temps.
Une échappée littéraire qui nous délecte de ces instants suspendus, partagés, de ces émotions affleurantes au fil de l'eau, non sans humour.
Au raz de la flotte, un flot incessant de poésie ciselée, raffinée.
Un de ces moment de liberté contemplative empoigné à la force de quelques bras.
Quel régal !!