Ce livre est le fruit de douze années de travail consacrées à l'étude des rites de Nigérians de l'ethnie Igbo présents sur le sol italien. C'est d'abord un voyage à travers les coutumes, les rites et les cérémonies pratiqués dans cet environnement reconfiguré par des groupes d'hommes et de femmes qui se retrouvent sur des terrains de football abandonnés ou dans des hangars. Les vicissitudes humaines ayant fait que beaucoup de ces rites ne sont plus pratiqués en Afrique, cette recherche est liée aussi au souvenir, à la mémoire, à ce qui a disparu ; les rites sont désormais entrés dans une culture postmoderne.
Le désir de reproduire un événement tel qu'il était vécu dans son lieu d'origine est un trait d'union invisible qui cherche à réaliser une forme élémentaire de transnationalité. Ainsi, ces Nigérians deviennent les "porteurs sains" d'une culture particulière, dans leurs rapports avec les populations d'accueil ou avec leurs propres compatriotes qui, souvent, semblent aujourd'hui coupés de leurs racines.
C'est le rite qui rend l'espace sacré : la communauté nigériane pratique ses rituels dans un environnement particulièrement dégradé, mais l'action de l'homme en fait un lieu de pureté. Cette sacralité imprègne les photographies d'Aniello Barone, où l'obscurité de la nuit est éclairée par une "lueur" qui semble venir de l'âme de l'assistance. L'observateur, le témoin du rite, l'homme, l'appareil photographique et les acteurs finissent par faire partie d'un même univers symbolique.