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1905, dans une vallée de Haute-Soule, Petti Kharriki affronte les premiers jours du XXe siècle avec du plomb dans l'aile. Confronté à l'enseignement obligatoire en français, c'est un peu de son coeur qu'on lui arrache, et un peu de l'âme de ses frères qui fond sous les quolibets et les vexations. Sa langue se meurt et c'est tout herria qui prend l'eau. Anne-Marie Lagarde a écrit ce roman sur l'acculturation basque il y a plus de vingt-cinq ans maintenant.
Conduit par une écriture sûre où la légèreté et le comique conjuguent la poésie et le tragique, il n'a pas pris une ride. Voyez : "Basabürüa : la tête boisée. Ainsi les habitants de Xiberoa, des bergers aux yeux rieurs, au sourire tendre - méfiez-vous néanmoins du makila si vous n'avez pas de parole ! - appellent-ils cet arrière-pays, tout petit mais si montueux et si accidenté qu'il est mille paysages.
Hêtraies, sapinières, forets très veloutées à l'oeil recouvrent d'un manteau de sombre douceur des précipices insondables. N'est-ce pas, Dagobert ? Te souvient-il qu'en l'an 635, dans ces rudes parages, d'intrépides et farouches Xiberotar expédièrent ad patres ton lieutenant d'Arimbert et ses fiers palatins ? "
