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"Elle aurait pu renoncer. Elle aurait dû renoncer. Elle se le répéta bien un million de fois toutes les années qui suivirent. Elle eut d'ailleurs une hésitation, peut-être valait-il mieux rester, se rallonger dans la chambrée, à écouter ses deux autres soeurs qui gesticulaient dans leur sommeil, pétaient et miaulaient sous leurs draps à cause de leurs rêves lascifs tout juste pubères. Peut-être valait-il mieux abdiquer, enrager, et se délecter de sa rage, puisqu'il y a un plaisir dans l'abdication, cela va sans dire, le plaisir tragique de la passivité et du dépit, le plaisir du drapage dans la dignité, on ne nous laisse jamais rien faire, on a juste le droit de se taire, on nous enferme, alors que les autres là-bas au loin s'amusent et se goinfrent, qu'est-ce que j'ai fait dans mes vies antérieures pour mériter ça, oh comme je suis malheureuse.
Peut-être aussi que le jeu n'en valait pas la chandelle. Mais le jeu, n'est-ce pas, en vaut rarement la chandelle. Le jeu n'est désirable que parce qu'il est le jeu". Véronique Ovaldé, à travers l'histoire d'une famille frappée par une mystérieuse tragédie, ausculte au plus près les relations que nous entretenons les uns avec les autres et les incessants accommodements qu'il nous faut déployer pour vivre nos vies.
Une écriture magnifique
Fille en colère sur un banc de pierre c'est l'histoire d'une fratrie : Violetta, Gilda, Aïda et Mimi, quatre filles, plus ou moins unies face à l'autorité du père.
Mais quand Mimi disparaît, tout change et se complique. Aïda quitte son île italienne natale pour le continent et essaie d'oublier cette famille qui l'a rejetée pour des raisons obscures...
Alors au décès du père, invitée par ses sœurs, Aïda se décide à retourner sur l'île pour les funérailles.
Une belle histoire de famille, avec les secrets qu'elle implique écrite dans une langue formidable et poétique.