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«J'étais dans la pénombre lambrissée, discrètement propice, du bar du Lutetia, quasiment désert. Mais ce n'était pas l'heure ; je veux dire, l'heure d'y être en foule, l'heure d'y être attendu ou d'y attendre quelqu'un. D'ailleurs, je n'attendais personne. J'y étais entré pour évoquer à l'aise quelques fantômes du passé. Dont le mien, probablement : jeune fantôme disponible du vieil écrivain que j'étais devenu.
J'avais tout juste le désir d'éprouver mon existence, de la mettre à l'épreuve». Nous sommes en 2005, Jorge Semprun se confronte à son passé et entreprend un autre travail de remémoration. Il revient dans ce texte inédit sur des événements qu'il a vécus, et relate, comme il ne l'a encore jusque-là jamais fait, son expérience de la torture. Témoignage sans pathos, récit, à la fois poignant et détaché, d'où se dégage une perception philosophique prégnante.
Jorge Semprun poursuit dans cet ouvrage une réflexion engagée dans les écrits fondateurs de son ouvre, tels Le grand voyage ou L'écriture ou la vie, et offre une dernière analyse sur la corrélation entre l'écriture et la réalité. Un nouvel éclairage saisissant de ce que fut ce singulier penseur.
Le dernier Semprun
Jorge Semprun, au bar du Lutétia, ce célèbre hôtel, siège d'abord de la Gestapo parisienne, puis point de rencontre des déportés survivants de retour des camps, continue son effort d'anamnèse et offre une réflexion riche sur ses années de résistance, sur la torture endurée, sur sa clandestinité dans l'Espagne de Franco et, enfin, puisqu'il y revient sans cesse, sur Buchenwald. Semprun nous livre son témoignage de vieil homme sur le passé, sur sa propre existence et ses combats. Un ouvrage court mais intense.