“Et les regrets aussi” est une excellent roman, il s’agit du quatrième de Seth Greenland publié chez Liana Levi et il confirme son immense talent. “Un bouddhiste en colère” son roman précédent constituait déjà une révélation littéraire. Greenland y dressait le portrait d’une Amérique assez peu reluisante à travers une galerie de personnages tout sauf attachants mais traités avec un humour décapant et une bonne dose d’ironie. On retrouve dans “Et les regrets aussi” le même talent de portraitiste au service d’une narration qui conjugue la simplicité d’un récit
avec la complexité des circonstances d’une rencontre qui va bouleverser la vie de deux êtres, Jeremy Best, 33 ans, qui est avocat le jour et poète la nuit et Spaulding, 19 ans, qui n’est autre que la fille du patron de Jeremy.
Le traducteur Jean Esch a su rendre tout le relief de l’écriture de Greenland qui travaille la psychologie de ses personnages en orfèvre. L’action se focalise autour de deux points de vue : Jeremy et Spaulding. Les chapitres alternent les méditations de l’un et de l’autre autour d’un rapprochement qui devient rapidement inéluctable. Il y a cependant un troisième personnage dans ce roman qui n’est autre que New York, la ville de tous les possibles, qui sert de toile de fond au récit. C’est d’ailleurs incroyable comme cette ville peut insuffler profondeur et substance à une narration. Voilà donc le lecteur embarqué dans cette love story un peu particulière entre Brooklyn et Long Island où l’écriture va fonctionner comme une mise en abyme. En effet Jeremy Best est poète, il possède d’ailleurs une petite renommée puisqu’il est publié dans des revues américaines dont le prestige est inversement proportionnel au tirage. Il a choisi de devenir avocat par pur pragmatisme, ses études de lettres ayant pris un cours inattendue en première année pour des raisons totalement extérieures à son talent littéraire.
De son côté Spalding se débat avec un psychisme hiératique qui l’oblige à prendre des médicaments et à voir un psychiatre. Enfant du divorce elle a connu très tôt l’internat loin des siens. Elle aussi veut devenir écrivain. Elle lit Camus, Houellebecq et Kierkegaard et fait partie des admiratrices de Best le poète; c’est d’ailleurs elle qui va créer les conditions de leur rencontre au moment ou Best apprend qu’il est atteint d’un cancer.
“Et les regrets aussi” est bien plus qu’un roman d’amour, c’est une oeuvre dédiée à la vie, aux choix que chacun doit faire et aux impasses d’où l’on doit se sortir si l’on veut réaliser ses buts. Jeremy et Spalding vont réécrire à quatre mains le roman de leur existence et prendre un nouveau départ. Parfois légèrement euphorisant “Et les regrets aussi” se révèle être une oeuvre quasi thérapeutique vivifiante pleine d’humour et de tendresse.
ARCHIBALD PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE)
RECOMMANDE PAR LE SITE CULTURE-CHRONIQUE
“Et les regrets aussi” est une excellent roman, il s’agit du quatrième de Seth Greenland publié chez Liana Levi et il confirme son immense talent. “Un bouddhiste en colère” son roman précédent constituait déjà une révélation littéraire. Greenland y dressait le portrait d’une Amérique assez peu reluisante à travers une galerie de personnages tout sauf attachants mais traités avec un humour décapant et une bonne dose d’ironie. On retrouve dans “Et les regrets aussi” le même talent de portraitiste au service d’une narration qui conjugue la simplicité d’un récit avec la complexité des circonstances d’une rencontre qui va bouleverser la vie de deux êtres, Jeremy Best, 33 ans, qui est avocat le jour et poète la nuit et Spaulding, 19 ans, qui n’est autre que la fille du patron de Jeremy.
Le traducteur Jean Esch a su rendre tout le relief de l’écriture de Greenland qui travaille la psychologie de ses personnages en orfèvre. L’action se focalise autour de deux points de vue : Jeremy et Spaulding. Les chapitres alternent les méditations de l’un et de l’autre autour d’un rapprochement qui devient rapidement inéluctable. Il y a cependant un troisième personnage dans ce roman qui n’est autre que New York, la ville de tous les possibles, qui sert de toile de fond au récit. C’est d’ailleurs incroyable comme cette ville peut insuffler profondeur et substance à une narration. Voilà donc le lecteur embarqué dans cette love story un peu particulière entre Brooklyn et Long Island où l’écriture va fonctionner comme une mise en abyme. En effet Jeremy Best est poète, il possède d’ailleurs une petite renommée puisqu’il est publié dans des revues américaines dont le prestige est inversement proportionnel au tirage. Il a choisi de devenir avocat par pur pragmatisme, ses études de lettres ayant pris un cours inattendue en première année pour des raisons totalement extérieures à son talent littéraire.
De son côté Spalding se débat avec un psychisme hiératique qui l’oblige à prendre des médicaments et à voir un psychiatre. Enfant du divorce elle a connu très tôt l’internat loin des siens. Elle aussi veut devenir écrivain. Elle lit Camus, Houellebecq et Kierkegaard et fait partie des admiratrices de Best le poète; c’est d’ailleurs elle qui va créer les conditions de leur rencontre au moment ou Best apprend qu’il est atteint d’un cancer.
“Et les regrets aussi” est bien plus qu’un roman d’amour, c’est une oeuvre dédiée à la vie, aux choix que chacun doit faire et aux impasses d’où l’on doit se sortir si l’on veut réaliser ses buts. Jeremy et Spalding vont réécrire à quatre mains le roman de leur existence et prendre un nouveau départ. Parfois légèrement euphorisant “Et les regrets aussi” se révèle être une oeuvre quasi thérapeutique vivifiante pleine d’humour et de tendresse.
ARCHIBALD PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE)