Wife of Gods de son titre original, Épouses et assassins est un roman policier qui change agréablement des canons du genre. Il change tout d’abord par son décor, qui lui donne toute son originalité : un village perdu du Ghana ; ensuite la connaissance des lieux de l’auteur, Kwei Quartey, qui transparaît dans les descriptions.
Jusque là je n’avais pas lu beaucoup de romans policiers se déroulant en Afrique, seulement les enquêtes de Mma Ramotswe, première femme détective privée du Botswana, créée par Alexander Mc Call Smith. On retrouve des thématiques communes, notamment
dans le statut des femmes, qui est tout simplement révoltant. En pleine transition entre tradition et modernité, les dépositaires de la tradition s’agrippent désespérément à leurs coutumes rétrogrades et machistes, alors que certains cherchent à faire évoluer les choses, parfois au péril de leur vie. C’est ce qui est apparemment arrivé à Gladys, jeune étudiante de médecine bénévole pour un programme humanitaire qui faisait la fierté de sa famille, retrouvée assassinée près du village de Ketanu. C’est ce qui amène Darko Dawson, inspecteur d’Accra, la capitale du Ghana, à revenir enquêter là où sa mère a disparu plus de vingt ans plus tôt. Les deux enquêtes vont se mêler, et se rejoindre, comme souvent dans ce type de roman. Confronté à une Afrique rurale en pleine mutation, à une police locale omnipotente, aux traditions profondément ancrées, Dawson aura bien du mal à démêler le vrai du faux.
Ce que j’ai spécialement apprécié dans Épouses et assassins, c’est que le meurtre a pour toile de fond le choc des cultures, la coexistence des croyances populaires, avec les histoires de sorcières et de guérisseurs et de la médecine moderne, qui tend à se répandre. Les femmes et leur statut dans la société sont au centre de ce roman, qu’elles soient mères, épouses, tantes, amantes, soumises ou révoltées, et toujours moins innocentes qu’on le croit…
A la lecture de ce roman, j’ai été en particulier touchée par le sort des trokosi, les fameuses épouses des Dieux (d’où l’importance du titre original !), livrées en mariage à un prêtre féticheur à l’âge d’une quinzaine d’années pour mettre fin à une malédiction qui pesait sur leur famille. Sacrifice rituel interdit par la loi, mais qui perdure dans les campagnes, comme nombre de coutumes horrifiantes.
Épouses et assassins n’a rien d’extraordinaire, son schéma est plutôt classique et son style est simple, mais je retiendrai quand même la peinture soignée des personnages, et l’efficacité de l’histoire, qui m’ont fait passer un bon moment.
Un premier roman agréablement dépaysant, avec peut-être une suite. On l’espère du moins …
Un premier roman agréablement dépaysant
Wife of Gods de son titre original, Épouses et assassins est un roman policier qui change agréablement des canons du genre. Il change tout d’abord par son décor, qui lui donne toute son originalité : un village perdu du Ghana ; ensuite la connaissance des lieux de l’auteur, Kwei Quartey, qui transparaît dans les descriptions.
Jusque là je n’avais pas lu beaucoup de romans policiers se déroulant en Afrique, seulement les enquêtes de Mma Ramotswe, première femme détective privée du Botswana, créée par Alexander Mc Call Smith. On retrouve des thématiques communes, notamment dans le statut des femmes, qui est tout simplement révoltant. En pleine transition entre tradition et modernité, les dépositaires de la tradition s’agrippent désespérément à leurs coutumes rétrogrades et machistes, alors que certains cherchent à faire évoluer les choses, parfois au péril de leur vie. C’est ce qui est apparemment arrivé à Gladys, jeune étudiante de médecine bénévole pour un programme humanitaire qui faisait la fierté de sa famille, retrouvée assassinée près du village de Ketanu. C’est ce qui amène Darko Dawson, inspecteur d’Accra, la capitale du Ghana, à revenir enquêter là où sa mère a disparu plus de vingt ans plus tôt. Les deux enquêtes vont se mêler, et se rejoindre, comme souvent dans ce type de roman. Confronté à une Afrique rurale en pleine mutation, à une police locale omnipotente, aux traditions profondément ancrées, Dawson aura bien du mal à démêler le vrai du faux.
Ce que j’ai spécialement apprécié dans Épouses et assassins, c’est que le meurtre a pour toile de fond le choc des cultures, la coexistence des croyances populaires, avec les histoires de sorcières et de guérisseurs et de la médecine moderne, qui tend à se répandre. Les femmes et leur statut dans la société sont au centre de ce roman, qu’elles soient mères, épouses, tantes, amantes, soumises ou révoltées, et toujours moins innocentes qu’on le croit…
A la lecture de ce roman, j’ai été en particulier touchée par le sort des trokosi, les fameuses épouses des Dieux (d’où l’importance du titre original !), livrées en mariage à un prêtre féticheur à l’âge d’une quinzaine d’années pour mettre fin à une malédiction qui pesait sur leur famille. Sacrifice rituel interdit par la loi, mais qui perdure dans les campagnes, comme nombre de coutumes horrifiantes.
Épouses et assassins n’a rien d’extraordinaire, son schéma est plutôt classique et son style est simple, mais je retiendrai quand même la peinture soignée des personnages, et l’efficacité de l’histoire, qui m’ont fait passer un bon moment.
Un premier roman agréablement dépaysant, avec peut-être une suite. On l’espère du moins …