Dictionnaire laotien-français

On trouvera dans ce livre, analysée dans son mouvement, l'esprit de la pensée traditionnelle de la Chine et, ce qui est plus pertinent encore, son actualité. La complémentation du kaléidoscope des mutations d'écoles et d'un fond cosmique impassible, relève la complémentarité des deux traditions fondamentales confucianiste et taoïste. Elle se manifeste dans une harmonieuse alternance comme celle du jour et de la nuit, du conscient et de l'inconscient, du sérieux et de l'humour. Au lieu d'une pensée liée par une raison discursive, ainsi que nous la trouvons en Occident, la pensée chinoise, à tous ses niveaux, est uns système de résonances. Elle prétend par là, plutôt qu'atteindre des limites cosmiques, les refléter dans la conviction d'une parfaite correspondance avec l'esprit tranquille qui se présente comme un microcosme. La pensée ne cherche pas la vérité, mais à ne pas bousculer la spontanéité d'un naturalisme qui rend la vie harmonieuse comme un instrument de musique jouant avec d'autres instruments. L'esprit pratique et collectiviste du confucianiste joue ainsi à la périphérie d'un système cosmique dont le taoïste prétendra s'alimenter directement, et dont la dérive ira dans le sens d'un bouddhisme du Grand Véhicule qui fera du Japon sa patrie sous le nom de Zen. L'idéal persistant de souplesse et d'harmonie, de laisser les choses être sans obsession utilitariste, a sans doute négativement affecté un développement scientifique et technique comparable à celui de l'Occident, mais en revanche nous enseigne à sourire en dépit des avatars d'une histoire souvent cataclysmique. La pensée chinoise figure ainsi un esthétisme patient et remplit un des buts majeurs de toute philosophie : celui de mieux vivre. L'étude de cette pensée comme expérience en fait l'expérience d'une civilisation.