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(...) Des jours durant j'ai tant joué Bach et Brahms dans la chapelle du cimetière, que je commençai à voir les morts, je savais que je ne devais pas m'arrêter, que si l'archet s'interrompait tout serait perdu, mais leurs visages venaient me trouver, leurs lèvres remuaient sans bruit, comment aurais-je pu renoncer et comme ma pâleur est plus intense que la leur - perles sur velours noir, la couronne de petites fleurs piquant mon front, seuls.
Bientôt nous jouerons. "(...) Ce n'est pas facile d'être israélienne en Israël quand on écoute aux portes, fenêtres ouvertes. Suppose, dit Tal Nitzan, que tu n'aies pas d'autre côté pour te reposer de la douleur... cette douleur qui a besoin de toi et à laquelle tu dois te donner entièrement. Pourquoi, se demande le lecteur, en parcourant ce livre pas à pas, page à page - dont nous pourrions citer plusieurs pages - pourquoi sommes-nous remués, remués comme remue le couteau dans la plaie.
La vieille plaie d'où nous sommes nés, étrangers sur la terre... promise". Yvon Le Men