Nombreux sont ceux qui, depuis quelques années, nous invitent à retrouver le sens de la responsabilité, comme si, face à la complexité du monde, nous paraissions désormais impuissants à assumer les conséquences de nos actes. Pourquoi de telles demandes et comment y répondre ? Faut-il croire que nous préférerions, par faiblesse ou lâcheté ne nous sentir responsables de rien ? Et jusqu'où doit-on nous " responsabiliser ", s'il est vrai que nous pouvons pas nous dire responsable de tout ? Entre l'impunité, qui n'est qu'une autre forme de l'irresponsabilité, et la recherche du " bouc émissaire ", qui relève du règlement de comptes, quelles limites tracer qui permettent de dire de quoi nous sommes responsables et de quoi nous ne le sommes pas ? A ces questions, des philosophes, des historiens, des sociologues, des juristes, des scientifiques s'efforcent d'apporter les réponses. Ils soulignent notamment que la science et la technique ont donné aux hommes une puissance accrue et, du même coup, élargi leurs responsabilités. Celles-ci sont devenues si pesantes et si difficiles à cerner, qu'ils sont tentés de les esquiver ou de s'en décharger sur la collectivité. Les évolutions du droit, de la morale, de la politique traduisent ces hésitations et ces doutes, comme l'ont montré, entre autres, les affaires du sang contaminé ou de la " vache folle ". Sans doute est-il temps de construire, ou de reconstruire, une éthique de la responsabilité qui réponde à la fois aux impératifs de la justice et aux exigences de la citoyenneté.