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Passionnant
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dur
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Surprenant
Dès les premiers mots, je suis dans le bain (cf. la 4ème de couverture) et quel bain !! Les mots ne se cachent pas derrière des ellipses, ils sont là, crus, durs, violents, froids. J’ai quelque peu peiné au début, puis je n’ai pas pu lâcher le livre.
Une Madame Bovary revisitée à la sauce DSK, une Belle de jour puissance 100, enfin bref, une dévoreuse d’hommes du côté sexe, le sentiment, elle s’en moque. Mariée à un médecin qui bosse dur, peu enclin aux ébats amoureux et mère d’un petit Lucien qu’elle ne sait aimer. « Lucien est un poids, une contrainte dont elle
a du mal à s’accommoder. Adèle n’arrive pas à savoir où se niche l’amour pour son fils au milieu de ses sentiments confus. »
En écrivant cette chronique, j’ai en tête la chanson de Marie-Paule Belle où le sexe est joyeux, la nymphomanie gaie. Adèle, Son addiction au sexe ne la rend pas heureuse. Sauf peut-être la période de « chasse ». Toujours il lui faut mentir, toujours jouer la comédie, trouver des plans pour faire garder Lucien et mentir à son mari, toujours cette peur de la grossesse, du SIDA, se contenir devant les autres pour ne pas se laisser deviner. Elle mène une vie de toxicomane qui ne peut faire autrement que subir ses pulsions.
Adèle, super active dans sa sexualité est atone dans la vie courante. Elle m’a donnée l’impression d’une algue qui se laisse flotter au fil du courant. Son métier de journaliste ne lui plaît pas, elle ne cuisine pas, ne s’intéresse à rien ni mari, ni fils, rien. Elle se cogne aux murs d’une vie qu’elle a voulue pour faire comme tout le monde.
Seule sa mère a deviné la bête qui est en elle. Je pense qu’elle sait exactement de quoi elle parle car je la devine comme Adèle.
Un premier roman cru, violent, désespéré mais jamais voyeur, ni accrocheur, et, surtout pas, érotique. Avec son écriture clinique mais vive Leïla Slimani s’impose dans le monde littéraire et c’est une très bonne chose.
l'écriture du désir, ou du manque?
Audacieux, sulfureux, dépourvu de pause et d'affectation, ce roman est franc et délicat dans sa manière de parler du rapport d'une femme à sa sexualité. Pour Adèle "la vie de famille était une effroyable punition. Elle en aurait vomi de ces journées interminables...à chercher des occupations. Les hommes l'ont tirée de l'enfance. Ils l'ont extirpé de cet âge boueux et elle a troqué la passivité enfantine contre la lascivité des geishas"(p128). Le chemin qui mène à l'émancipation n'est pas une promenade de santé et "guérir, c'est terrible aussi"(p186) et,vieillir, ce serait un peu apprendre à aimer. Car "l'amour, ça n'est que de la patience"....Un roman paradoxalement romantique et très habilement écrit. Une autrice à suivre? Ben oui. Elle vient d'avoir le Goncourt pour "une chanson douce", son second roman.