L'objectif du Prix Pictet est d'utiliser le pouvoir de la photographie, tous genres confondus, pour sensibiliser un public international aux enjeux du développement durable, en particulier à ceux qui ont trait à l'environnement. Cette cinquième édition depuis la création de la récompense en 2008 a pour thème Consumption (la consommation). Nous sommes tous des consommateurs. Nous avons inventé de nouvelles formes de construction, de production industrielle, d'agriculture et d'élevage, et d'énergies ; nous avons pillé les mers et ravagé les terres dans notre volonté inexorable de satisfaire nos désirs insatiables.
Parfois, nous avons assouvi notre appétit en exploitant les personnes les plus pauvres de la planète. Nous pouvons partout constater les conséquences de notre voracité. Nous passons outre l'éternel cycle des saisons pour garantir la satisfaction de nos addictions quotidiennes. Même nos besoins essentiels font l'objet d'un commerce ; nous sommes avides de choses dont nous ignorions avoir besoin et qui deviennent vite obsolètes.
Nos possibilités de choix se multiplient de jour en jour; le simple fait de commander un café nous place devant un éventail impressionnant d'options. Jamais encore nous n'avons eu autant de denrées alimentaires d'origines aussi diverses et présentées sous des formes aussi élaborées. Le supermarché moyen propose plus de 45 000 lignes de produits différents, dont la traçabilité est cependant bien souvent opaque.
Nous ne savons plus ni comment ni où notre nourriture est produite, élevée, abattue, préparée et conditionnée, ni combien de milliers de kilomètres elle parcourt jusqu'à nous. Et quand elle finit par arriver dans nos foyers, près de la moitié de ce que nous avons acheté part à la poubelle. Souvent, comme Slavoj Zizek l'affirme dans son introduction, nos assiettes témoignent du triomphe du marketing sur le contenu.
Pour illustrer son propos, Zizekcite un spot publicitaire diffusé sur des chaînes de télévision américaines montrant " des gens ordinaires partager un barbecue, vibrer et danser sur de la country, le tout assorti du message suivant : < Le boeuf. La vraie nourriture pour les gens vrais. > Ironie du sort, le boeuf alors présenté comme le symbole d'un certain mode de vie (celui des consommée par une élite < artificielle ".
Or, comme certains scandales alimentaires l'ont montré, la viande de boeuf dément parfois le slogan cité plus haut.