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Une jeune femme dont "l'existence semblait fondamentale pour que l'univers pût atteindre à sa perfection" est emportée par la leucémie avant d'avoir atteint l'âge mûr et la vieillesse. Que laisse-t-elle ? Quelques papiers, des notes de journal, des lettres, et surtout, chez ceux qui l'ont connue, les traces contradictoires et fragiles du souvenir. Etablir dans l'éternité de l'art l'équilibre final de cette vie brisée, en inscrire à jamais la signification, tel est le dessein de la narratrice, son amie, tel est aussi son accomplissement.
Car ce roman ne se contente pas de reconstituer, par documents et témoignages, les aspects d'une vie enfuie. Sa nostalgie est militante. C'est la trame même du souvenir et de l'imaginaire partagés qui finit par apparaître et livrer le secret d'un être considéré comme une sorte de foyer central, témoin d'un monde, d'une histoire, d'une société. On le voit, ce roman, le second de Christa Wolf, paru en R.
D. A. en 1968, ne plie guère son projet aux règles qu'une certaine convention du réalisme socialiste a longtemps tenté de faire prévaloir. Ni sa forme. De là une importante et longue polémique dans toute l'Allemagne et le retentissement mondial de ce que Le Monde nomme "admirable roman de Christa Wolf" (F. -J. Franceschini - 21 février 1970). De là aussi certains malentendus politiques que l'auteur, ancienne suppléante au comité central du P.
C. est-allemand, a tout fait pour dissiper : ce livre ne manifeste pas d'autre opposition que celle, esthétique, qu'il a pu rencontrer. Mais le lecteur français, sensible comme il le fut au plus grand romantisme allemand, discernera ici toute son actualité. Une femme revendique son émancipation, sa part d'éternité.
