Le personnage de Charlemagne semble se perdre dans le labyrinthe de ses figures et de ses représentation qui sont comme autant de doubles improbables. La légende édifiée au fil des siècles par les annalistes admiratifs et les souverains en mal de légitimité ne parvient ni à combler les lacunes de l'histoire ni à percer les ambiguïtés d'un homme encore bien mystérieux. Héritier de la civilisation germanique, descendant d'une illustre famille austrasienne, enraciné dans ce pays de fleuves puissants et de forêts profondes, Charlemagne a exprimé une ambition plus vaste, sur le modèle de l'Empire romain et à la mesure de l'Occident. Chef de guerre autoritaire et impétueux, toujours en campagne contre les Saxons ou les Lombards, il n'en est pas moins fasciné par la culture antique. Réunissant dans son palais d'Aix-la-Chapelle les esprits les plus brillants de son temps, cet autodidacte presque illettré est à l'origine d'une véritable renaissance intellectuelle et artistique. Mais, tous ces paradoxes ne sauraient masquer ni la force de son ambition ni la cohérence de son œuvre. Charles, roi des Francs et des Lombards, se pose d'abord en défenseur de la foi chrétienne. Et c'est à ce titre qu'il est couronné empereur, le 25 décembre 800, à Rome. Dans un même mouvement, il a étendu les frontières de la chrétienté et fédéré la plupart des peuples d'Occident au sein d'un " empire européen " selon l'expression de Lucien Febvre. Est-il pour autant ce " père de l'Europe " que se plaisent à invoquer aujourd'hui nos dirigeants politiques ?