Deux choses marquent d'entrée avec ce roman. La première, assez insignifiante, ce sont les prénoms des personnages. Tous sont plus étranges les uns que les autres et participent à l'ambiance assez "conte gothique" de ce roman. La seconde, c'est le style, très original, de l'auteur. Pas toujours évident, il faut le dire. C'est que depuis quelques années maintenant je ne suis plus une "djeuns". Alors, l'ironie et le caustique à chaque phrase, je ne pratique plus. Non plus que le parler si particulier. Mais une fois qu'on s'y replonge, on arrive à suivre l'histoire et surtout à apprécier
particulièrement cette jeune Willa.
Elle est en effet, très attachante. Ni belle, ni moche ; ni intelligente, ni bête ; ni impopulaire, ni vilain petit canard. Une jeune fille normale quoi. Elle sort avec le frère de sa meilleure amie. Mais à la fête d'anniversaire de celle-ci, elle rencontre Edern. Et avec lui, tout un monde de mystères et de bizarreries. Car, très vite, nous délaissons l'histoire d'amour à trois pour plonger dans une énigme : qui peut bien essayer de tuer Willa ? Quel est ce phénomène qui se produit tous les soirs à 11 heures ? Marni, la petite soeur d'Edern, elle aussi, nous lie à ce roman : elle invente des verbes et des expressions, est pleine de vie malgré son handicap.
Alors, oui, certains aspects de l'énigme en elle-même sont vite devinés. Mais l'ambiance, poussiéreuse et gothique, est vraiment bien rendue. On est loin des récits jeunesse habituels. C'est original, tant par l'histoire que par la plume de l'auteur.
Pourtant, ce roman n'est pas non plus exempt de défauts : on pourra reprocher des ado vraiment typiquement parisiens et bourrés de fric, aux préoccupations qui ne sont pas celles du commun des mortels ; des aventures peu crédibles (qui croira que des meurtriers réels ou potentiels puissent s'en tirer aussi bien ?) parfois... Mais les dialogues et le style croustillants et pleins de peps rattrapent tout cela. Je m'attendais à une mièvrerie, me demandant encore une fois comment elle avait pu atterrir chez moi, et j'ai été très agréablement surprise.
Une citation qui ne manquera pas de faire mouche chez tous les livraddicts (p°232) : "Je ne sais pas vous, mais moi, j'aime connaître le titre des livres que les gens lisent, dans le métro, le bus, ou les profs au lycée... J'ai contorsionné mon cou, aussi discrètement que possible".
http://nourrituresentoutgenre.blogspot.fr/2012/10/chaque-soir-11-heures-malika-ferdjoukh.html
Un rien "girly", mais plein de suspens.
Une nouvelle collection naît chez Flammarion, dont chaque titre sera basé sur un sentiment.
Malika Ferdjoukh, avec le talent qu'on lui connait ouvre le bal, en nous servant une histoire classée dans la catégorie "amour"...
Tout un programme !
Et c' est un excellent roman, prenant, au suspens garanti, quelques frissons aussi, qui nous embarque aux côtés de personnages attachants, plein d'humour, mystérieux, ou carrément menaçants.
On entre de plain-pied dans une famille où les secrets sont soigneusement enfouis...
Epatant !