Autant vous dire tout de suite que j’avais peur. Lorsque j’ai vu ce roman être tiré au sort du circuit découverte au boulot, je n’étais pas très enthousiaste. Le livre fait près de 450 pages, écrites serrées et avec des paragraphes-pavés (plusieurs pages sans retour à la ligne, comme dans Proust). Et puis je ne suis pas une grande adepte de la littérature sud-américaine. Mais j’ai pris mon courage à deux mains et… j’ai été étonnée. C’est certes déconcertant au début, mais il y a comme un lien qui se tisse avec ce roman, une envie de le terminer, même si on sait
où cela ne peut que nous mener ; une envie de ne pas abandonner les personnages croisés.
L’histoire est minutieusement racontée, mais en même temps García Márquez n’entre pas dans le détail. Je ne sais comment traduire cette impression que donne son écriture : on ne s’attache non pas tant à un personnage particulier, même si on peut avoir des préférences, qu’à la famille toute entière. Il y a un goût d’éternité dans ce roman, quelque soit le lieu, quelque soit l’époque, avec des pointes de magie savamment distillées : des animaux qui se reproduisent vite, des gens qui vivent sous un arbre, des fantômes qui croisent les vivants, des pluies durant 14 années...
Tout n’est donc pas beau pour autant. Le lecteur assiste à la construction du village de Macondo, puis à son développement social, économique et politique, avant d’assister à sa décadence. Or le destin du village est fortement lié au destin de la famille Buendia. Une famille surréaliste, dans laquelle les noms des personnages se répètent encore et encore, au fil des générations. Et pourtant, à aucun moment la confusion n’est possible, car la magie de García Márquez pour jouer avec les mots fait que le lecteur sait de quel personnage il est question. Ces personnages sont d’ailleurs rongés par la solitude, chacun à leur manière. Certains vont même jusqu’à l’inceste pour se donner l’illusion de vivre autre chose.
Les paragraphes-pavés peuvent faire peur, mais c’est une véritable épopée, condensée en peu de mots, mais forts beaux, que nous raconte ici l’auteur. Un ton romanesque très marqué, avec peu de dialogues, qui nous fait voir ce qu’est la vie : des désirs, assouvis ou non.
Un roman qui m’a réconciliée avec la littérature sud-américaine, indubitablement !
http://nourrituresentoutgenre.blogspot.fr/2011/03/cent-ans-de-solitude-gabriel-garcia.html
La plus originale, la plus belle des sagas familiales.
"Cent ans de solitude" n'est pas seulement un classique de la littérature sud-américaine, c'est avant tout un chef d'œuvre d'originalité, de narration et d'écriture.
Dans ce roman pas comme les autres, Gabriel Garcia Marquez nous conte la création, la vie et la décadence d'un village colombien reculé nommé Macondo, et de la famille qui l'a fondé, les Buendia. Condamnés à vivre cent ans de solitude par la prophétie du gitan Melquiades, les sept générations de la famille Buendia connaîtrons la grandeur, les victoires, la guerre civile, les bouleversements économiques, les discordes sociales, les drames familiaux et les défaites. Chacun expérimentera la passion, l'amour, l'espoir, la désillusion, le deuil, la nostalgie et tous sans exception: la solitude.
Ainsi l'auteur nous fait vivre, dans cette saga familiale inoubliable flirtant ouvertement et tendrement avec le registre fantastique, un siècle d'histoire de la Colombie. Le cadre historique est factuel, le cadre géographique l'est tout autant, les références socioculturelles sont quant à elles probables, mais à cela viennent se mélanger des événements surnaturels bienvenus. Se sont ces touches de surréalisme qui frappent l'esprit du lecteur le long de cette histoire savoureuse et pleine de charme. La construction de ce grand roman est magistrale et l'imagination de son auteur est luxuriante. À lire au moins une fois.