Vous ne connaissez pas Miami, vous allez entrer dans sa "réalité réelle" avec ses quartiers riches et démentiels où règnent des oligarques, des milliardaires, où des fêtes gigantesques de débauche et de pornographie attirent les vieux riches et les blondes gringas. Mais il ne faut pas oublier que Miami a une population hétéroclite avec "cinquante pour cent d’immigrants récents, arrivés au cours des cinquante dernières années".
Nestor Camacho, jeune policier cubain semble déclencher à lui seul toutes les émeutes raciales. Lorsqu’il arrête un cubain cherchant à trouver refuge
sur la terre ferme, Nestor devient la honte de sa famille et de tout le quartier de Hialeh, ghetto de cubains. En arrêtant un dealer, il ranime les tensions entre cubains, ayant raflé toutes les autorités politiques et afro-américains. Et il s’attaque même aux riches oligarques russes qui alimentent le faux marché de l’art.
Avec les personnages croisés par Nestor et son ex-petite amie Magdalena, l’auteur nous entraîne des ghettos cubains, des repères de délinquants porto-ricains aux quartiers huppés de Star Island ou du quartier des Arts. L’auteur nous guide dans toutes les coins de Miami. De Hialeh, quartier cubain où les mères arrosent le béton, de Wynwood, repère de délinquants porto-ricains, de l’île privée où la Régate du Columbus Day devient une orgie de sexe, dans le monde de l’art où l’on croise Michael Du Glasse et Caroline Peyton-Soames ou Léon Decapito, Tom Wolfe décrit sans tabous toutes les facettes de cette société.
Dans un style teinté de l’expérience journalistique de l’auteur, j’ai tout à la fois lu et écouté ce roman. Car l’écrivain use et abuse des onomatopées, double les consonnes ou voyelles à l’infini pour donner le ton aux mots. Je dois avouer qu’au départ, cela a compliqué et perturbé ma lecture. Mais humour, ironie, style et action se mêlent pour donner une vision complète de la vive Miami.
Je préfère sans nul doute le précédent roman, Moi, Charlotte Simmons où l’auteur disséquait les mœurs dans une université américaine. Mais je ne regrette pas cette lecture qui, sous un scénario dynamique et un peu loufoque, illustre dans le détail cette société aux multiples visages, ses diverses origines ethniques, raciales et sociales sans oublier le pouvoir de l’argent, tout ce qui façonne les relations entre les protagonistes.
Melting-pot
Un portrait grinçant et sans concessions de Miami et de sa société où les communautés vivent ensemble sans jamais se mélanger. D’un côté la diaspora Cubaine et de l’autre les Américains de souche. Hispanophones contre anglophones. A cela s’ajoutent les Haïtiens, les Afro-américains et chacun tente de trouver sa place dans cette Floride surchauffée par les tensions et le soleil ardent. L’histoire n’est qu’un prétexte pour décrire ce melting-pot et Tom Wolfe se sert habilement de quelques personnages très finement construits pour critiquer et analyser cette ville si particulière des États-Unis. Le constat est sévère et cruel mais passionnant. L’auteur connaît son sujet et son style très particulier a rendu cette lecture passionnante. Encore un auteur américain que je continuerai à lire.