Balzac. La Conscience Insurgee

Voici deux cents ans que Balzac est né. Sa vie fut courte, à peine plus qu'un demi-siècle. Cela suffit néanmoins à bâtir une œuvre qui a modifié le destin des lettres et la conscience sociale du monde. Balzac, en effet, est l'inventeur du roman moderne. Il fut le premier à renvoyer à une société son image globale, panoramique. Paysans, bourgeois, aristocrates, gens d'argent, prêtres, politiciens, il les a tous dépeints dans une galerie de deux mille cinq cents personnages. Il a décrit aussi les mécanismes de leurs comportements. Son regard, parfois effrayant de lucidité, a révélé pour la première fois les vices et les vertus que la décence prétendait cacher. Ainsi a-t-il créé les premiers grands personnages romanesques du monde, la tendre Eugénie Grandet et le grimpeur social Eugène de Rastignac, la machiavélique Cousine Bette et l'ancien bagnard homosexuel Vautrin devenu policier combinard. L'œuvre de Balzac est un continent et lui-même, une profonde forêt. Tantôt mystique, tantôt railleur, calculateur, amoureux fou, critique social par-dessus tout, il est d'une telle richesse qu'il peut apparaître contradictoire. Balzac se voulait royaliste. Conscience insurgée, il a pourtant suscité la conscience de classe. Comment le mystique qu'était Balzac put-il être le premier réaliste social ? Comment le dandy arriviste qu'il était aussi décrivit-il avec autant d'émotion les pauvres et les humbles aussi bien que les aristocrates ? L'évidence du génie ne suffit pas à l'expliquer. L'un de ses lecteurs les plus passionnés, Gérald Messadié, lui-même écrivain, offre un guide à ceux qu'intimiderait une telle ampleur. il dégage les grands thèmes et désigne les fils conducteurs. La biographie, parfois mène à l'œuvre. Parfois aussi, l'œuvre révèle l'homme.