Eh bien, non ! Contrairement à ce que l'on croyait, la monarchie bavaroise, instituée par Napoléon au profit de l'une des plus vieilles et des plus respectables familles d'Europe, les Wittelsbach, apparentés aux empereurs d'Autriche, la monarchie bavaroise n'a pas pris fin, comme les autres royautés des pays allemands, en 1918 ! Rosendorfer lui fait traverser les révolutions, le nazisme, la Reconstruction de l'ère adenauerienne et le miracle économique.
Tel est l'indéracinable particularisme bavarois, où fermentent toujours un grain de folie et un grand baril de jovialité. Le roman s'ouvre sur un carnaval déchaîné pendant lequel la princesse Judith ne sait plus très bien si c'est dans les bras des carabins ou dans ceux d'un gorille du zoo qu'elle s'est abandonnée tout au long de la nuit. Il faut dire qu'il y a des antécédents inquiétants : les frasques de Louis Ier avec Lola Montès, la folie bâtisseuse de Louis II de Bavière, l'aliénation mélancolique de son frère Otto, dépossédé de son trône par un oncle et un cousin...
Mais cela ne fait que commencer. Car le produit de ces amours coupables et farcesques est loin d'être le seul monstre de la famille. Burlesque et délirante, cette saga qui mêle le vrai et le faux, l'exactitude historique et les inventions les plus échevelées opère pourtant une radioscopie satirique impitoyable de la société allemande _ seulement allemande ? Tout y passe : l'Eglise, la politique, l'économie _ à travers une incroyable galerie de personnages haut et bas placés que Rosendorfer dessine d'un trait sûr et féroce.
Herbert Rosendorfer, qui est né en 1934 à Bolzano, est juge au tribunal d'instance de Munich. Auteur de nombreux romans, dont Stéphanie et la vie antérieure et Les Saints d'or ou Colomb découvre l'Europe, il écrit également pour la radio, la télévision et le théâtre.