Maylis de Kerangal a ce don – lunaire ? – de réussir à nous intéresser à tous les sujets, à priori sans grand intérêt, ou délicats : comme l'avancement d'un chantier (Naissance d'un pont) ou bien le don d'organes (Réparer les vivants).
Elle s'intéresse ici à la formation des peintres en décors. De ceux qui trompent les yeux, qui vous peignent un marbre sur du bois, du bois sur du béton. De ceux qui imitent, de ceux qui copient, qui créent, recréent, le monde de rouleaux en pinceaux.
Paula Karst, jeune fille indécise mais passionnée, se jettera, éperdue, dans la peinture.
Y vouera ses nuits, s'y sacrifiera. Mais, vautrée dans sa passion, s'y transformera : deviendra femme, et forte.
Si Maylis de Kerangal s'impose, depuis plusieurs romans, comme l'une des voix les plus intéressantes de la littérature française contemporaine, c'est parce qu'elle porte un regard différent sur ces petites choses qui nous entourent, nous indiffèrent parfois. Elle met le doigt sur l'invisible, sur l'indicible, le trop-commun : pour en extraire de la beauté, et du meilleur.
L'irréel ancré dans le réel
Paula est une jeune fille un peu paumée qui décide soudainement de s'inscrire dans une école de peintre en décor. Elle va apprendre le trompe l’œil mais pas seulement... elle va surtout se découvrir, apprivoiser son corps et se lier d'amitié...
Maylis de Kerangal nous plonge dans un monde à portée de main où l'on ne sait plus la différence entre le vrai et le faux jusqu'à l'ultime fac-similé.... que je vous laisse découvrir au fil des pages de ce surprenant roman !