Condamnée en Chine sur la base d’une photo de sa fille à Paris, Gulbahar Haitiwaji est condamnée à sept ans dans un camp de rééducation. Torturée, mal-nourrie, elle a survécu à l’inimaginable.
Opprimés depuis toujours, les Ouïghours survivent dans peur subissant ce que l’on appelle un génocide. Xinjiang est l’un des endroits les plus surveillés du monde avec des caméra, des policiers et les camps d’internement.
Sous couvert d’éradiquer le terrorisme islamiste, on dénombre au moins un million de Ouïghours déportés dans les camps, peu en ressortent vivants. C’est
toute une communauté, tout un peuple qui est voué à disparaître.
Pour publier son histoire, Gulbahar a fait face à un vrai dilemme de conscience : doit-elle utiliser sa véritable identité mettant sa famille restée là-bas en danger ou utiliser un faux-nom leur garantissant un minimum de sécurité ?
Gulbahar livre son histoire en toute transparence, un acte de courage pour que le monde sache ce qu’elle a vécu et ce que vivent les Ouïghours au quotidien.
Gulbahar raconte son histoire et pour mieux la comprendre, il faut connaître celle des Ouïghours. Depuis des décennies, les Ouïghours subissent les répressions, les persécutions, les arrestations et les déportations. Xinjiang est un axe primordial pour les nouvelles routes de la Soie, un grand projet visant à rallier la Chine à l’Europe.
En Chine, les différences culturelles (religion, port du voile, mosquées…) des Ouïghours sont mal vus et dérangent.
C’est lorsqu’elle décide d’accompagner son mari Karim et ses filles, réfugiés politiques à Paris que Gulbahar tombe dans un piège. Ne pouvant renoncer à tout ce qui fait son identité, elle repart pour le Xinjiang pour une simple histoire administrative. Malgré ce mauvais pressentiment qui ne la quitte pas, elle laisse ses proches et part vers un aller simple pour l’enfer.
Otage de son propre pays, Gulbahar va se soumettre tandis que son mari et sa fille aînée vont se battre pour alerter l’opinion publique du sort de Gulbahar.
Privée de tout, même d’un avocat, Gulbahar n’a plus d’existence légale, engloutie par le système concentrationnaire et soumise à la doctrine et propagande de son pays.
Mise au secret, Gulbahar se soumet aux multiples interrogatoires ainsi qu’à une routine pour la briser, son échappatoire, ce sursis, elle croit qu’il peut venir des écoles où l’on peut être envoyées pour être rééduquées et libérées si on a une bonne conduite.
Le cauchemar qui aurait dû prendre fin ne faisait que commencer.
Stage militaire, caméras partout, la rééducation à laquelle les prisonnières sont soumises lave la Chine de toutes ses exactions. En plus du bourrage de crâne, des humiliations publiques qui pleuvent, des doutes sur la nourriture et des pseudo vaccins qu’on leurs imposent sèment le doute chez Gulbahar tandis que des Ouïghours disparaissent mystérieusement.
Quel sort réservent-on aux détenues qui disparaissent aussi soudainement qu’elles étaient arrivées ?
A l’extérieur, la situation prend de l’ampleur, le monde prend enfin compte ce qui se passe en Chine grâce aux témoignages de rescapés. Les médias s’en mêlent, à Xinjiang, les pressions sont de plus en plus dures, les déportations se multiplient, les Ouïghours deviennent une menace…
La roue tourne enfin en 2018 où la presse parle des Ouïghours, les preuves qu’ils manquaient sont là grâce à Adrian Zenz, un chercheur allemand et Shawn Zhang. Au péril de leurs vies et celles de leurs proches, ils dénoncent et prouvent ce qui est dissimulés.
Grâce aux nouvelles technologies et aux images satellites, ils arrivent à situer les camps de rééducation, leur nombre et peuvent affirmer qu’au moins un million de Ouïghours ont été déportés dans ces camps de rééducation.
Aujourd’hui, la Chine ne peut plus cacher ce qu’elle a dissimulé aux yeux du monde.
En août 2018, l’ONU condamne les camps de rééducation du Xinjiang.
Gulhumar qui s’est battue pour sa mère arrive à placer son cas au Quai d’Orsay, la machine de la diplomatie se met en marche. Les échanges sont lents et difficiles, le moindre faux pas peut faire basculer le sort de Gulbahar.
Le premier procès de Gulbahar dure 9 mn, elle n’a pas droit à un avocat et est condamnée à sept ans dans une école de rééducation tandis que sa fille donne une interview à visage découvert en 2019.
Les services de renseignement du Xinjiang piègent les étudiants venus en France pour leurs études comme ils l’ont fait avec Gulbahar ou leur demandent d’espionner pour leur compte. En situation irrégulière si leur passeport n’est pas renouvelé, ils sont pris au piège car s’ils reviennent en Chine, ils seront condamnés.
Pour tous les Ouïghours qui vivent dans la peur et l’insécurité, Gulbahar est le porte-parole du combat pour leur liberté.
Sentant que sa liberté n’est qu’une question de jours, Gulbahar va trahir sa famille et elle-même.
Jugée après 5 ans d’emprisonnement, Gulbahar est enfin libérée, son cas étant un dossier gênant et sa médiatisant prenant trop d’ampleur.
Le statut de réfugiés politique de ses proches, le combat de sa fille même s’il a fallu supprimer des publications Facebook n’a pas été vain.
L’histoire de Gulbahar Haitiwaji et du combat de sa fille pour sa liberté révélée aux yeux du monde entier !
Un témoignage rare et indispensable qui nous fait passer par pleins d’émotions grâce à Gulbahar Haitiwaji et au style de Rozenn Morgat qui offre aux lecteurs, un récit d’une grande intensité qui je l’espère sera traduit au niveau international pour que le monde sache la vérité derrière la persécution et l’éradication des Ouïghours. En France et dans d’autres pays du monde, où les différences sont nos plus grandes richesses et apportent une dimension multiculturelle importante, on s’indigne de voir que quand dans d’autres pays, les différences sont le motif des génocides.
Rescapée d'un camp chinois au XXI -ème siècle
C'est par un article de La Croix l'hebdo que j'ai pris connaissance du génocide que subissent actuellement les OuÏghours et ce livre met en lumière la répression et le système concentrationnaire chinois.