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A la jointure du Moyen Age et de la Renaissance, Nicolas de Cues propose un modèle du monde qui, en renonçant au principe hiérarchique, célèbre les singularités non comparables des êtres. Il propose un modèle épistémologique selon lequel l'univers - pensé comme non fini - devient un objet d'étude légitime pour les sciences spécialisées, sous l'égide de la spéculation mathématique, ce qui entraîne l'éloge de l'inventivité technique.
Voici autant de raisons pour considérer Nicolas de Cues comme un initiateur de la pensée moderne. Toutefois sa démarche théologique, philosophique, scientifique contient in nuce une modernité différente de celle qui a triomphé historiquement pour vivre de nos jours son âge tardif. La modernité selon Nicolas de Cues se fonde sur la distance mise en tension entre le monde et la transcendance. Elle se construit sur un modèle mathématique qui, annonciateur du calcul intégral, pense la convergence de l'univers vers le maximum absolu.
C'est cette modernité alternative, où la personne humaine se fait suite convergente vers l'infini et où la diversité culturelle et religieuse acquiert une légitimité de principe, que cet ouvrage interroge.
