Miroitement du temps et des paroles perdues - E-book - Multi-format

Sorte de Je me souviens proustien plus que perécien, le Miroitement du temps et des paroles perdues réunit quarante-sept séquences débutant par le même « il y avait ». Ce « il était une fois » d'un genre possessif sert de vestibule à une collection de souvenirs où se mêlent tropiques, été, cieux, cuites, hôtel, hôpital, brousse, taxis, pistes, villas... On s'aperçoit finalement qu'il s'agit d'un tour du monde de poche, un simple extrait aussi, qui pourrait être plus vaste ou plus court selon les circonstances de la publication.
Texte malléable, plastique par son dispositif même, il est le miroir d'une façon d'écrire plus que des histoires qu'il raconte. Paul-Henri Sauvage se fit connaître sur le web par de somptueuses longues phrases où s'exposaient des intrigues sentimentales et méditatives soutenues par une arborescence impossible à exister ailleurs que sur ce territoire éditorial si particulier qu'est la Toile. En cela, il reste fidèle à ce support en nous donnant un eBook. La question de savoir si une entreprise comme celle de Marcel Proust serait publiable aujourd'hui n'a aucun sens puisque lui-même fit paraître à compte d'auteur son Du côté de chez Swann.
La question de savoir si Proust est réellement lu est presque aussi absurde, sauf s'agissant des auteurs - beaucoup écrivent de façon amnésique, c'est dommage pour eux, pénible pour nous, lecteurs. Oriane, Marie-Hedwige : quelle différence de traits physiques, intellectuels, esthétiques ? Dans Le Temps retrouvé, la première est ringarde, la deuxième, morte. Mais son titre est conservé, possédé par une roturière, jadis.
Quel monde que le Monde, et certainement l'un des plus dur, addictif, répulsif, dialectique dans la façon de le désirer, puis le fuir pour le désirer encore. Dialectique justement, l'extrait suivant - la fin de La Recherche -, entre l'amour et la mort, avant que l'écriture résolve tous les éléments en une seule prose calculée comme une poésie.