Du sang et des larmes. Des dents cassés et des tripes. Des enfants au futur rivé dans les yeux du diable. La misère vissée aux tripes.
Ça se passe à Denver, ville de trafic, de prostitution, de drogue et de règlements de compte. Denver, cette reine du vice, comme une ombre qui danserait au-dessus d’une tâche d’huile.
C’est l’histoire d’un géant qui s’est cramé le corps à faire sauter des explosifs, gros taiseux qui débarque là où les orphelins peinent à survivre dans cette lutte intestine avec les clochards et les forces de l’ordre. Il a le cœur violent autant
qu’englué dans de la tendresse.
C’est l’histoire de Sam qui, comme on le dit dans les histoires : passe à l’âge adulte. Pour quelques dollars il se fraie un chemin dans le monde des grands, y laissant partout des bouts de son âme. Parce qu’il grandit dans un univers où les laissés pour compte sont et restent des laissés pour compte. Mais lui ce qu’il aime par-dessus : c’est Cora. Cora, c’est son cosmos, la reine des orphelins, celle pour qui son cœur bat plus fort que la mesure et déraille plus vite qu’un train lancé contre un mur.
Ça se passe à Denver, et ça, Denver, ne le pardonne pas.
Roman plein de respect et d’empathie pour les sans-noms, les laissés-de-côté, les gueules fracassées. Une tragédie épique, comme la remontée des flots par un groupe armé de ce courage là : transpercer les rois.
Les dynamiteurs, c’est du noir à cent pour cent, violent, intense et intransigeant. Mais c’est du noir comme on l’aime, avec une idée dedans : celle-là de déplacer le camp des héros.
Une claque
Les laissés-pour-compte, les rebus de la société, les oubliés ou comme le disent Sam et Cora : les Crânes de Nœud.
Ce livre est comme un hymne à tous ceux qui se sont égarés dans la vie.
En toile de fond, Denver de la fin du XIXe siècle. Un Denver bien sombre, poussiéreux, inquiétant, miséreux, pourri à la racine.
Marqué par cette noirceur, Sam et Cora survivent et espèrent la rédemption. Se trouverait-elle dans le monde des adultes ? A l'image de ce géant, grand colosse cabossé qui ne parle pas...
Whitmer explore avec brillance l'insouciance de l'enfance, le passage à l'âge adulte, l'espoir que chacun porte en la vie ou encore le poids de sa condition sur son avenir.
Et il faut l'avouer, les Dynamiteurs c'est une sacrée grande claque, les cinq doigts plantés au beau milieu de la figure.
Parfois je me demande si Steinbeck ne se serait pas réincarné ?!