Tout le monde connaît le mythe grec d’Oedipe, qui s’aperçut trop tard avoir tué son père et couché avec sa mère. Mais connaissez-vous son pendant oriental, le mythe Iranien de Sohrab, tué, également en ignorance de cause, par son père Rostam ? Entrelaçant savamment ces deux mythes au récit contemporain de Cem Celik, que l’on découvre adolescent et dont on suit les affres jusqu’à la fin de sa vie, Orhan Pamuk réussit un roman original, parfois déroutant, qui jette une passerelle instructive entre les cultures orientales et occidentales.
Dans les années soixante-dix, alors
que, pour financer ses études, le lycéen Cem s’est fait, le temps d’un été, apprenti puisatier dans les environs d’Istanbul, il tombe amoureux d’une femme inconnue, rousse, comédienne dans un théâtre ambulant. Sa relation avec son maître et avec cette femme, interrompue brutalement par un accident, va le marquer sa vie durant, le poursuivant comme un destin auquel nul ne saurait se dérober.
La femme aux cheveux roux est un roman symbolique à plusieurs niveaux de lecture : celui d’un individu, mais aussi celui d’un pays, la Turquie, de plus en plus déchirée entre laïcité et religion, démocratie ou concentration du pouvoir. C’est indéniablement une œuvre de grande facture, qui explore brillamment les thèmes de la quête d’identité et de la filiation, du destin et de la liberté, dans un subtil mélange de références orientales et occidentales. L’intérêt intellectuel l’a toutefois emporté chez moi sur le plaisir de lecture.
De la beauté
Sous le ciel étoilé de Turquie, un conte philosophique d'une grande beauté qui nous embarque à la rencontre des mythes et légendes fondateurs de notre humanité. Envoûtant !