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Dans mon quartier habite une personne surnommée "la femme à la jupe violette". On l'appelle ainsi car elle porte toujours une jupe de couleur violette. Régulièrement, à quinze heures, elle se rend à la boulangerie pour y acheter une brioche à la crème, puis traverse la galerie marchande pour rejoindre le parc tout proche. Là, elle va s'asseoir sur le banc le plus au fond, toujours le même, et déguste sa brioche en utilisant sa main comme soucoupe.
Elle ne change absolument rien à sa routine.
Qui est donc cette mystérieuse femme qui ne s'adresse jamais à personne et obéit à un rituel immuable ? C'est ce qui semble obséder celle qui l'observe constamment à la dérobée, la suit partout dans ses allées et venues, toujours de loin, sans chercher à lui parler, une femme au "cardigan jaune" cette fois ? Qui sont-elles ? Comme la première paraît ne pas avoir de travail, la seconde dépose sur son banc attitré des petites annonces intéressantes, puis va jusqu'à la porte de son appartement laisser des échantillons de produits de beauté pour qu'elle soigne mieux son apparence.
Pourquoi tant d'attentions portées à une inconnue ?
Mais est-ce vraiment une inconnue ? Et va-t-il falloir que se produise un drame pour que - peut-être - le voile se déchire enfin ?
La femme à la jupe violette
Un joli brin de voix qui nous vient du Japon, une histoire assez intrigante, où le mystère d'une vie plutôt insignifiante fait figure de maître des lieux.
La femme à la jupe violette est une femme sans histoire, qui navigue de petits boulots en périodes de chômage, elle mange dans le parc, tous les jours et à la même heure une brioche à la crème sous le regard amusé des habitués.
Qui est-elle vraiment ? Mais, surtout, qui est cette narratrice et pourquoi la suit-elle de si près et avec tant d'application ?
De ce court roman émane une douce intrigue, un sentiment rémanent d'une image qui revient juste après sa disparition, des sensations de celui qui épie le moindre geste de l'autre, pour le dévoiler peut-être, pour le comprendre sans doute. Une vision, aussi, du monde du travail et de ses hiérarchies. Un certain éloge de l'être divers.
Comme une parenthèse, une bulle d'air, La femme à la jupe violette fonctionne de manière étonnante sur le cerveau de son lecteur : elle enivre, transporte et laisse à la dérive les commandes du navire.
C'est tout à fait délicieux, c'est merveilleusement indéchiffrable.