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Fils de nomade est le récit d'une vie. L'auteur y décrit son milieu de naissance, son existence de petit berger, ses rapports avec son père et ses frères, sa rencontre avec la modernité, son arrivée à Fort-Lamy, capitale du Tchad, ses amis, ses rencontres, parfois ses déceptions et ses douleurs. Bref, c'est le film, nostalgique parfois, des moments qui passent. L'auteur a voulu laisser le témoignage de sa génération, une génération influencée par son origine paysanne ou pastorale, qui va à la rencontre de la ville (en réalité un gros village...) et du système français d'enseignement où l'apprentissage du monde moderne se fait parfois contre les préceptes d'une éducation traditionnelle où l'individu compte très peu.
Fils de nomade est une présentation presque poétique de la vie d'une jeunesse insouciante au lendemain des indépendances qu'elle doit se préparer à assumer. La gestation de l'Etat indépendant est heureuse et douloureuse à la fois. Le manuscrit décrit ce processus qui, de malentendus en malentendus, d'orientations politiques mal avisées, a conduit à la rébellion et à la guerre civile qui a englouti l'ensemble du pays.
Cette guerre civile a fait éclater les amitiés, les relations et le militantisme d'antan. Les cadres de la génération du " Fils de nomade " sont devenus, à la fois, acteurs, victimes et spectateurs des violences qui ont détruit N'Djamena, la capitale du Tchad et emporté les idéologies pseudo-révolutionnaires de chacun. L'auteur laisse ce témoignage à ses enfants et à leur génération, pour qu'ils reconstruisent psychologiquement et physiquement leur pays dans un esprit de solidarité, de tolérance et de citoyenneté républicaine, où tous les Tchadiens, quelles que soient leurs origines, sont égaux et comptables de leur patrie.
