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Herman Mack est un rêveur. C'est du moins ce que pense sa famille : son père, Easy Mack, son frère, Mister, et sa sour, Junell. Ensemble, ils s'occupent d'une casse automobile de Jacksonville, en Floride. Herman est un rêveur, certes, mais il a enfin trouvé ce qu'il veut faire de sa vie. Il ne veut pas passer son temps à gravir des montagnes de carcasses rouillées. Il a compris une vérité fondamentale.
Partout où il y a des Américains, il y a des voitures. Et parce qu'il y a des voitures partout, il va en manger une. Morceau par morceau, du pare-chocs avant au pare-chocs arrière, en public. Le rêve américain, une bouchée à la fois.
Dans les jardins d'Auto-Ville
On peut faire ça ?, je veux dire écrire un roman qui aurait pour scénario : un homme, qui a vécu toute sa vie dans la casse familiale, se décide un jour à manger une voiture, intégralement (une demi-livre de Ford Maverick par jour) du pare-chocs avant au pare-chocs arrière, puisque les voitures sont de partout. Sur 200 pages ?
Oui, c’est possible. Harry Crews est de ces auteurs-là, capable de vous embarquer sur son îlot fait d’absurde, de critique féroce de notre société, et de tendresse aussi. Capable de vous embarquer dans cette histoire où l’on tombe amoureux sur les lieux des accidents de voiture, où l’on entasse le métal et l’acier comme des souvenirs, où la plus dingue des idées est acceptable tout pendant qu’elle rapporte de l’argent.
Car, c’est le chien qui aboie dans le moteur d’une bagnole révisée. Du vacarme. Et du velours.