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La milla est "un ensemble" d’opinions et d’actions prescrites,
liées à des conditions qui sont fixées, pour un groupe
"d’individus", par leur gouvernant premier, qui cherche à
atteindre, par l’usage qu’ils en font, une fin déterminée, soit en
eux, soit par eux. Le groupe peut être un clan, une cité, ou une
contrée ; il peut être "aussi" une grande nation, ou plusieurs
nations. Si le gouvernant premier est vertueux et si son règne
est vertueux en vérité, il cherchera à atteindre par ce qu’il
établit ainsi, lui et tous ceux qui sont sous son gouvernement,
le bonheur suprême, qui est le bonheur en vérité ; et une telle
milla sera vertueuse.
Mais il faut préciser que ce ne sont pas
ces "citoyens" (madaniyyun) qui forment la cité, c’est plutôt
elle qui les forme et qui fait d’eux ce qu’ils doivent être, des
gens vertueux qui prétendent à une autre vie et à jouir du
bonheur qui lui est attaché. La cité ne tire donc pas son origine
de ses habitants, mais de son chef ou son "gouvernant
premier". C’est lui qui lui "détermine" ses idées ou ses
"opinions" et lui "prescrit" ses "actions" afin d’en faire une
cité vertueuse, capable d’assurer à ses "habitants" et à son
"gouvernant" l’immortalité de leurs âmes et la jouissance du
bonheur.
Voilà ce qui nous conduit à la milla, puisque nous
l’avons vu, c’est elle qui, au moins partiellement, est désignée
derrière ces expressions de détermination et de prescription,
d’opinions et d’actions. Amor Cherni est professeur de
philosophie à l’Université Blaise Pascal à Clermont-Ferrand
(France) et à l’Université de Tunis.