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Terrain Lourd est un roman noir, mais c'est aussi un blues lancinant, celui des chagrins d'amour, celui des chagrins d'époque. On est au début des années 80 ou à la fin des années 70. On ne parle pas encore de TGV mais de turbotrain. Un reporter sportif assiste à Caen à un match de football de deuxième division entre Caen et Thionville. Il s'appelle Vertaire. Assez logiquement, avec un nom comme ça, Vertaire souffre.
Vertaire a trente-deux ans et est affligé d'une mélancolie tenace, une mélancolie lorraine bien obligée de jouer à l'extérieur. Avec ce qu'il faut d'autodérision pour qu'on s'attache à des personnages qu'on a envie d'inviter à boire une bière dans le dernier bar encore ouvert d'une sous-préfecture, Pierre Marcelle se promène du côté de Goodis, un Goodis qui aurait troqué Philadelphie pour Saint-Malo...
Jérôme Leroy.
Vertaire Original
Vertaire, reporter. Sportif, le reporter. Un match entre Caen et Thionville, terrain lourd, environ 2000 spectateurs.
Et puis le soir, un train pour Saint Malo, trouver l'amant.
C'est un roman de là gamberge, quelque chose qui lancine à l'intérieur du crâne. Vertaire, sa femme elle s'est barré avec un autre, un autre qui en a déjà une autre. C'est des atermoiements et des nœuds à la tête. Des paysages qui défilent et des silences qui rongent.
Ça gamberge tout de long, à savoir pourquoi il part le buter cet autre. A savoir le pourquoi de tous les comments. Les pourquois de tous les pourquois.
On y rode dans les bistros, se boire un petit noir autour du flipper avec l'autochtone.
On marche sur des quais de gare sous la flotte la nuit, avec la mer en contrebas et la porte de l'hôtel un peu plus haut.
C'est l'histoire d'un homme qui s'est fait déhancher le coeur par une femme, la seule qui semble valoir de le coup.
Il y a du désespoir dans ces pages, de l'amertume. Le cerveau de Vertaire c'est comme un réduit, avec balais et serpillères dans le coin.
Et le style de Pierre Marcelle t'envoie de ces étincelles ! Des pages de joyeusetés argotiques, de désabusé mélanco, un style qui déborde de partout, entre analyse d'une société toujours en mouvement et semonces envers les cons et les trous du cul.
Du pur roman noir made in France, made in 80's !
Merci à La Petite Vermillon pour une de ces fameuses (ré) découverte !
Et à Jérôme Leroy pour sa carte noire.