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Lorsque la BlackJag a été mise en vente, il était évident qu'elle allait révolutionner le marché de l'automobile. Constitué uniquement de matériaux organiques, qui en font pour ainsi dire une voiture vivante, ce nouveau modèle a tout pour plaire. Le prototype qui a servi aux séances de démonstration devant la presse est aujourd'hui revenu en atelier : son propriétaire a disparu ; peut-être la BlackJag a-t-elle gardé en mémoire des éléments qui permettront de le retrouver.
Ecoutons-la nous raconter son histoire. Avec Suréquipée, son premier roman de science-fiction, Grégoire Courtois, à la suite de J-G Ballard ou de Stephen King, s'empare avec brio du mythe moderne par excellence : la relation de l'homme à sa voiture.
Suréquipée
Grégoire Courtois est un auteur – si je peux me permettre l’expression – qui en a sous le capot. Suréquipée questionne notre rapport à la voiture, notre rapport à la technologie, au progrès. De soucis éthiques, il est question. De déviance, il est également question. La voiture, prolongement archétypal, fondation psychosensuelle de l’homme industrialisé, joujou autant qu’outil de reconnaissance sociale, se place ici comme le cœur d’une technologie qui ne cesse de se dépasser. Pour le meilleur. Et pour le pire.
2093. Les voitures ne sont plus mécaniques, ni mêmes biomécaniques. Elle sont organiques. Pelage de panthère ou bien exosquelette de fourmi, phares bioluminescents, vision d’aigle royal, volant à toucher féminin, la voiture n’a jamais été aussi charnelle.
On ne l’apprécie plus, on l’aime.
On ne la conduit plus, on la caresse.
Petite bombe de roman, Suréquipée trouve facilement sa place parmi les plus intéressants et les plus jubilatoires des textes d’anticipation.