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L'Eglise, dans le passé, œuvra pour encadrer la pratique prostitutionnelle au détriment des exigences spirituelles dont elle se réclame. Un saint Augustin et un saint Louis sont aujourd'hui devenus des emblèmes de cette position qui non seulement instaura les " maisons closes ", mais encore les justifia. Toutefois, au XIXe siècle, des prêtres, comme le père Cestac, s'attachèrent, dans leur pastorale, à aider les prostituées les plus miséreuses.
En parallèle à cette émergence de la prise en compte de la personne prostituée, nos sociétés modernes développent une certaine " privatisation de la sexualité " qui vient corroborer ce déplacement de la problématique prostitutionnelle dont le XIXe siècle fut le témoin. Le compromis d'une morale sociale minimale, qui aménageait le vivre ensemble, est donc dépassé. Dès lors, aussi bien la réalité prostitutionnelle que nos normes, nos lois, et nos représentations sociales se voient interrogées, de manière fondamentale, sur les valeurs qu'elles mettent enjeu.
L'humanité des droits et des libertés peut-elle encore admettre une " nécessité sociale " de la prostitution au regard de la vie des personnes prostituées ? En d'autres termes, l'exigence actuelle des débats sur la prostitution ne présuppose-t-elle pas, sur ce sujet, le passage d'un discours moral à une réflexion éthique ?
