Tout savoir sur le livre : de son histoire à son marché en France

Avant de se faire une place dans nos bibliothèques contemporaines, le livre a connu de nombreuses innovations à travers les siècles. Il continu sa métamorphose dans l’ère numérique, dont le marché français semble confirmer cette tendance. Comment le livre est-il passé de la tablette d’argile à l’e-book ? Comment s’organise la filière du livre ? Quels sont les chiffres du marché du livre en France ? Sans oublier la question fondamentale, qu’est-ce qu’un livre ? Retour sur cet objet du quotidien.

Définition : Qu’est ce qu’un livre ?

Au sens matériel, un livre est « un assemblage de feuilles manuscrites ou imprimées destinées à être lue », comme le définit le dictionnaire de l’Académie française dans sa 9e édition. Les périodiques en sont exclus.

Le livre se compose d’une couverture rigide ou souple qui protège un ensemble de feuillets soit reliés, soit brochés, au dos de la couverture. Son contenu s’articule de manière linéaire et segmentée à l’aide de parties et de chapitres dont les pages sont numérotées. Les menus (sommaire, table des matières et index) favorisent l’accès au contenu et synthétisent les informations disponibles dans l’ouvrage.

Le livre est un support d’écriture qui a trois fonctions principales :

  • La mémoire : il conserve l’histoire de l’humanité (écrits religieux, documents, essais, romans…).
  • L’apprentissage : il transmet un savoir (manuels scolaires, livres pratiques, techniques, juridiques...).
  • La culture et les loisirs : il diffuse sur format papier les arts (livres d’art, albums photographiques…) ou projette ses lecteurs dans un milieu fictif (romans, recueils de nouvelles, poésie).

Le livre est donc un objet culturel lié à l’activité humaine et à l’évolution de la société qui transmet une valeur, un sens ou une émotion dont sa portée dépasse le temps et l’espace.

La structure matérielle du livre

L’industrie du livre a donné un standard de présentation à cet objet du quotidien :

insert image avec tous les trucs là

  • La couverture : elle comprend la première, deuxième, troisième et quatrième de couverture, ainsi que le dos. Elle présente l’ouvrage et informe sur son contenu, tout en protégeant les feuilles.
  • Première de couverture : page avant extérieure. Elle présente l’ouvrage (titre, auteur, éditeur et type d’ouvrage).
  • Deuxième de couverture : page avant intérieure, souvent vierge.
  • Troisième de couverture : page arrière intérieure, souvent vierge.
  • Quatrième de couverture : page arrière extérieure. Elle résume le contenu de l’ouvrage et possède les identifiants du livre (code ISBN, code EAN, prix).
  • Le plat : partie la plus grande de la couverture extérieure. Un livre possède deux plats : le premier à l’avant et le deuxième à l’arrière. Ils correspondent aux première et quatrième de couverture.
  • Le dos : partie visible lorsque le livre est rangé debout sur une étagère et qui relie la première à la quatrième de couverture. Généralement, le titre et le nom de l’auteur sont imprimés au dos.

Description des différentes parties d'un livre relié

The original uploader was Colporteur at French Wikipedia. / CC BY-SA

L’histoire du livre

Le livre a évolué à travers les siècles jusqu’à prendre sa forme papier connue aujourd’hui. Mais le « livre objet», en perpétuelle évolution, tend vers une forme dématérialisée suite à la croissance du digital.

Les premiers supports

Il existe un lien fondamental entre l’invention de l’écriture et celle du livre. Dans toutes les civilisations, l’Homme a codifié sa pensée à l’aide de symboles et l’a figée dans le temps sur les supports mis à sa disposition (argile, pierre).

Les matériaux bruts ont laissé place à des supports travaillés. Le volumen devient alors la première forme du livre. Il s’agit d’un long morceau de papyrus enroulé sur lui-même qui se déroule à l’horizontal.

Les inventions majeures

Une nouvelle forme manuscrite se développe : le codex. Il prend naissance à Rome au IIe siècle avant J.-C. et se démocratise au Ier siècle après J.-C. Le codex, ancêtre du livre moderne, est un cahier constitué de feuillets rectangulaires reliés ensemble. Les feuillets du codex facilitent la navigation à travers les pages et permettent une lecture linéaire comme fragmentée. Il remplace peu à peu le rouleau ou le volumen et est définitivement adopté au Ve siècle.

Au milieu du XVe siècle, Gutenberg invente l’imprimerie à Mayence, en Allemagne. Cette invention bouleverse le livre qui, auparavant, était copié à la demande et à la main. Désormais, la naissance de l’imprimerie multiplie le nombre de livres en circulation, diminue son temps de reproduction et ouvre son accès à une tranche plus large de la population.

La modernisation du livre

L’ère industrielle au XIXe siècle touche l’hémisphère du livre en développant sa mécanisation. La production explose et touche un public plus vaste. La création du livre de poche en février 1953 élargit davantage la diffusion de la littérature à prix réduit.

Le livre à l’ère numérique

À partir des années 1990, le numérique progresse. La création d’Internet et des plateformes de diffusion amènent les maisons d’édition à repenser le livre sous un format dématérialisé. La tendance des e-books, encore à ses débuts, s’affirme progressivement.

La chaîne du livre en France

La chaîne du livre est l’ensemble des acteurs et des métiers entrant dans sa création, sa conception, sa diffusion et sa distribution. D’après le Ministère de la culture, le secteur du livre représente plus de 80 000 emplois en France, soit 20 % des emplois liés à la culture.

Les auteurs

Les auteurs créent le contenu. Ils sont écrivains, scénaristes, illustrateurs ou traducteurs. On dénombre 101 600 auteurs en France (source : « Le secteur du livre : chiffres clés 2017 - 2018 », Ministère de la culture). La majorité d’entre eux ne vit pas de leurs droits d’auteur et exerce une profession principale à côté.

Les maisons d'édition

L’activité éditoriale est concentrée sur les 12 premiers éditeurs français à hauteur de 80 % des ventes de livres, sachant que les 2 premières maisons d’édition représentent à elles seules 35 % (source : Ministère de la culture).

L’éditeur sélectionne les manuscrits qu’il reçoit avant de les publier. Son choix repose sur le type de catalogue, les qualités littéraires du texte et la rentabilité de la publication. À côté, les maisons d’édition passent commandes aux auteurs dont le marché du contenu prédéfini est assuré.

Il coordonne l’ensemble des acteurs qui entrent dans la conception, la diffusion et la distribution du livre. C’est lui qui avance les coûts et supporte les risques financiers lorsque l’ouvrage ne trouve pas son public.

Les Imprimeurs

L’impression des livres représente entre 8 et 9 % du chiffre d’affaires de la production totale imprimée en France. Environ 300 entreprises (imprimerie, reliure) travaillent pour l’édition, soit un quart des entreprises du secteur de l’imprimerie (source : Ministère de la culture).

La diffusion et la distribution

La diffusion est l’ensemble des professions qui s’occupent de faire connaître les ouvrages imprimés aux libraires et aux revendeurs. Elle agit comme une force de vente.

La distribution concerne la logistique et les mouvements physiques du livre (stockage, transport, circulation entre l’éditeur et les détaillants…). Entre 2015 et 2017, le flux entre les distributeurs et les points de vente représente un volume moyen de 202 900 tonnes de livres par an, selon le rapport statistique 2018 - 2019 du SNE (Syndicat national de l’édition).

Les points de vente

On compte entre 20 000 et 25 000 points de vente en France, pour un total de 15 000 emplois (source : Ministère de la culture). Ils peuvent prendre différentes formes : librairies, surfaces culturelles, hypermarchés et supermarchés).

En parallèle, la vente s’effectue à travers les clubs de livres et Internet (plateformes, librairies en ligne…).

Le marché du livre en France

En 2018, le chiffre d’affaires des éditeurs s’élève à 2,67 milliards d’euros. Il est composé de :

  • La vente de livres (2,52 milliards d'euros)
  • Les cessions de droits (145,4 millions d'euros)

Les maisons d’édition ont produit 106 799 titres en 2018, soit une hausse de 2 % par rapport à 2017. Les éditeurs ont boudé les nouveautés (- 5,4 %) et ont privilégié les réimpressions (+ 8,2 %). Au total, 505,4 millions d’exemplaires ont été imprimés contre 419 millions d’exemplaires vendus, soit un écart de 17 %.

Le chiffre d’affaires des éditeurs s’articule principalement autour de 6 secteurs (sur 13 au total) et représente plus de 86 % des ventes :

  • Littérature (22,5 %)
  • Sciences humaines et sociales (14,6 %)
  • Jeunessse (13,8%)
  • Livres pratiques (13,4 %)
  • Enseignement scolaire (11,3 %)
  • Bandes dessinées, comics, mangas (10,9 %)

L’édition numérique progresse en 2018 et connaît une augmentation de 5,1 %, toutes catégories confondues. La même année, le chiffre d’affaires des ventes digitales s’élève à 212,6 millions d’euros. Les segments porteurs sont l’édition professionnelle et universitaire (74 % de l’édition numérique) et la littérature (13 %).

Nota bene : Les chiffres sont extraits du rapport statistique « Les chiffres de l’édition 2018 - 2019 » du Syndicat national de l’édition

Le prix du livre

Les acteurs de la chaîne du livre se partagent le prix de vente : l’auteur (8 %), l’éditeur (21 %), le fabricant (15 %), le diffuseur (8 %), le distributeur (12 %) et les points de vente (36 %). Ces pourcentages peuvent varier selon la renommée de l’auteur, la catégorie éditoriale, le format du livre, et les moyens de diffusion et de distribution (source : Ministère de la culture).

En France, le prix du livre est soumis à la loi Lang. Adoptée le 10 août 1981 par le Parlement, elle impose à l’éditeur la fixation d’un prix de vente unique pour le public. Le détaillant doit afficher un prix de vente entre 95 % et 100 % du prix fixé par l’éditeur. L’objectif de cette loi est de permettre l’égalité à l’accès au livre à tous les citoyens.