L'histoire du livre, reflet de l'évolution des civilisations

S'il est vrai que le livre est aujourd'hui un objet ordinaire et indispensable au quotidien, il n'a pourtant pas toujours été si facilement accessible. À l'origine réservé à certaines classes dans un souci de conservation du savoir, il a progressivement pris son essor. C'est à partir du XIXe siècle qu'il commence à envahir nos étagères et nos bibliothèques.

Son évolution est étroitement liée à celle de l'écriture et de l'imprimerie. Lentement, les supports ont évolué pour aboutir au livre que nous connaissons aujourd'hui. Nous vous proposons de revenir sur les temps forts de son histoire.

Les premières traces écrites

La transmission du savoir par signes linguistiques remonte à plusieurs milliers d'années. Les premières traces d'écriture sous forme d'idéogrammes ont été retrouvées et dateraient du IXe millénaire av. J.-C. Chaque civilisation utilisant les outils et matières qu'elle avait à disposition, des traces d'écriture ont été retrouvées sur divers supports. Le plus ancien est la pierre, mais ce n'est pas le seul.

Des supports variés

En Chine, le bambou, les os ou encore les carapaces de tortue étaient utilisés pour y graver des images de la nature, du corps ou pour exprimer des idées. Pour cela, les scribes associaient des formes aboutissant à un idéogramme.

En Mésopotamie, dès le IIIe millénaire av. J.-C., les scribes se servaient de calames pour graver des inscriptions sur de l'argile molle. De nombreuses tablettes ont été retrouvées à Ninive, ville de l'ancienne Assyrie, témoignant des prémices d'un système de rangement digne d'une bibliothèque. Parmi elles, l'Épopée de Gilgamesh, qui relate les exploits du roi d'Uruk, a été retranscrite sur pas moins de douze tablettes d'argile et reste, à l'heure actuelle, l'une des œuvres littéraires les plus anciennes de l'humanité.

L'invention du Volumen

Par la suite, les tablettes ont été remplacées par le volumen qui se caractérise par des axes verticaux en bois sur lesquels le support est enroulé. Parmi les plus connus : le papyrus, en Égypte, formé à partir de la plante du même nom qui pousse dans les marais du Nil, ou encore le parchemin, en Occident, d'origine animale.

Le codex, l'ancêtre du livre

Après le volumen, une nouvelle invention capitale donne au livre une forme très proche de sa forme actuelle : le codex. Ses caractéristiques sont identiques au livre tel que nous le connaissons aujourd'hui, c'est-à-dire qu'il se présente en assemblage de feuilles de papyrus ou de parchemin collées et est agrémenté d'une couverture de bois. Il sert de support pour la Bible et s'impose vraiment à partir du IVe siècle.

Si le papier est découvert par les Chinois dès le Ier siècle, ce n'est qu'au VIIIe siècle que les musulmans en transmettent la fabrication en Europe. Au Moyen-Âge, les ateliers d'écriture se développent principalement dans les universités et les monastères dans lesquels des moines-copistes travaillent à la reproduction, à la décoration, et à la reliure des livres, devenus de véritables œuvres d'art dédiées à la grandeur de Dieu.

Au XVe siècle, Gutenberg révolutionne l'histoire du livre

C'est vers 1450 que Johannes Gutenberg révolutionne l'imprimerie en perfectionnant les caractères mobiles utilisés par le Chinois Bi Sheng. Il remplace l'argile par du métal et crée un système de caractères interchangeables. Ses nouveaux outils permettent d'imprimer des documents de plus en plus volumineux, dont la célèbre Bible de Gutenberg, imprimée en 180 exemplaires. Les livres imprimés jusqu'au 31 décembre 1500 sont appelés les « incunables », du latin « berceau » (de l'imprimerie).

Comme pour chaque grand bouleversement, des esprits réfractaires se manifestent alors. Cette période est marquée par de nombreux autodafés, comme celui de 1497 à Florence au cours duquel les habitants furent appelés à brûler livres, vêtements ainsi que de nombreuses œuvres d'art jugées immorales.

À l'ère préindustrielle, les enjeux du livre prennent une nouvelle tournure avec des aspects plus politiques. Alors que Diderot et d'Alembert entreprennent de regrouper les connaissances scientifiques et artistiques dans l'Encyclopédie, un réel rapport de force s'installe entre les auteurs, les éditeurs et les ecclésiastiques.

Le livre à l'ère industrielle et contemporaine

Au XIXe siècle, la diffusion massive du livre entraîne le développement des échanges interculturels et la démocratisation du savoir. En France, elle permet l'élargissement de la scolarisation, multipliant ainsi considérablement le nombre de lecteurs parmi lesquels se trouvent les femmes, les enfants ou encore les ouvriers.

De nouvelles maisons d'édition naissent et se développent. Le livre devient un objet abordable que l'on collectionne à la fois pour ses qualités littéraires, mais aussi pour ses riches illustrations, rendues possibles grâce à une technique de gravure semblable à un lavis noir.

De nouveaux genres émergent à cette période (policiers, jeunesse, romantique). Le livre devient alors un loisir autant qu'un moyen d'accès à la culture.

L'ère numérique, un nouveau tournant de l'histoire du livre ?

Avec l'arrivée d'internet et des nouvelles technologies, l'histoire du livre connait un nouveau rebondissement. En 1971, le projet Gutenberg entend numériser des ouvrages du domaine public afin de les rassembler en une bibliothèque. Cependant, il a fallu attendre de nouveaux progrès dans la numérisation au cours du XXIe siècle pour profiter pleinement de la diffusion des livres au format numérique.

Aujourd'hui, un livre est accessible sur n'importe quel support numérique (smartphone, tablette, ordinateur, liseuse). Les ebooks séduisent un nombre croissant de lecteurs, même si le livre imprimé reste de loin le préféré.

À l'heure du numérique, ebooks, livres audio et livres imprimés co-existent pour le plus grand plaisir de tous et sont promis à un bel avenir.