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Emmanuel Venet, psychiatre lyonnais à l'hopital du Vinatier, est l'auteur des très remarqués et primés "Ferdière, psychiatre d'Antonin Artaud", "Précis de médecine imaginaire" et, plus récemment, "Marcher droit, tourner en rond" (que j'avais pour ma part, adoré..). Il nous livre ici un petit essai coup de poing tout à fait bienvenu contre la néopsychiatrie et ses délires tenant plus du champ lexical du commerce et de l'idéologie néolibérale que de la logique du soin, afin de réhabiliter une vision de la psychiatrie tournée vers la subjectivité et l'altérité, vers le psychisme
plus que le cerveau, faisant du praticien un artisan, voire un artiste... Sa vision de la médecine est tout à fait compatible avec la psychanalyse et les positions de Roland Gori, qu'il cite par ailleurs. Un texte nécessaire, urgent mais écrit humblement, plein d'humanisme.
p38 : "(...)si la psychiatrie appartient au champ de la médecine, elle en est la spécialité la pus noblement batarde : certes en lien avec la neurophysiologie, mais ouverte à la philosophie et aux sciences sociales. En outre, elle est, plus que toute autre spécialité médicale, porteuse d'enjeux politiques cruciaux : la place du fou dans la société, l'espace accordé à l'anormalité, une déclinaison concrète de l'égalité inscrite dans la devise nationale. N'oublions pas que, selon plusieurs grandes voix dont celle de Lucien Bonnafé ou Jean Oury, le degré de civilisation d'une société est corrélé à sa bientraitance envers ses malades mentaux"
p73 : " Si la fonction consistant à soigner les psychisme pour rendre les patients pus libres devait céder la place à celle de réparer les cerveaux pour rendre les patients plus adaptés, les psychiatres, devenus nerviatres, se retrouveraient dans le role de fournir du "temps de cerveau humain dispoinible" aux logiques marchandes qui se le disputent. Ils deviendraient les acteurs d'une psychiatrie insudtrielle harmonieusemet sertie dans le pysage de la marchandisation universelle. Comment oser prétendre que ce serait un progrés?". Mais je m'arrete là sinon je vais recopier tout le livre : je vous laisse le découvrir par vous meme ; sa lecture en est très fluide.
Ce livre a obtenu le "prix du livre géopolitique 2019 créé par l'association "Lire la société" en partenariat avec le ministère de la Défense, qui récompense une oeuvre relevant du champ de la géopolitique et de la géostratégie afin de mettre à la portée de tous cette méthode interdisciplinaire d'exploration du réel. Prix tout à fait mérité tant les qualités de l'ouvrage sont patentes. Pour chacun des dix points abordés qui forment un tout manifestement exhaustif, l'auteur tire les conséquences à court, moyen et long terme, nous offrant une vision prospective des plus bienvenues et un éclairage historique fort utile. La Chine, l'écologie, l'Amérique, toutes les frictions qui animent le globe prennent place dans cet essai remarquable : complet et pointu mais accessible.
Une relecture pluridisciplinaire de cette décennie à la fois si proche et déjà si lointaine percutante. Ni bilan fastidieux, ni procès partial, mais une replongée via les textes de belles plumes emblématiques de l'époque. Le livre permet de prendre la distance nécessaire à toute réflexion tout en évoquant, en bien comme en moins bien, les évènements qui tissèrent la trame des nineties, dont les émotions résonnent encore. Un travail soigné de maquette parachève le tout.
Les éditions de la Découverte publient là un bien beau livre de sociologie engagée.
"Historien médiéviste, enseignant à l’École des hautes études en sciences sociales ainsi qu’à l’université autonome du Chiapas, à San Cristóbal de Las Casas au Mexique, Jérôme Baschet est aujourd’hui l’un des meilleurs connaisseurs du mouvement zapatiste, ce soulèvement indigène de la région du Chiapas, qui constitue depuis 2004 l’un des laboratoires les plus inventifs d’une forme d’expérimentation sociale et politique « altermondialiste »."Nicolas Le Dévédec, sources "journals.openedition.org". "Adieux au capitalisme" est un manifeste tout à fait captivant et convaincant qui redonne le sourire. A ne pas manquer...
Très claire et très complète, cette histoire de la domination libérale prend pour toile de fond l'histoire comparée de la France, l'Angleterre et les Etats Unis. depuis les racines de la Révolution Française et de la Révolution Américaine. Une analyse des plus détaillée et roborative de ce courant de pensée qui irrigue encore notre société. Un essai majeur d'histoire engagée. p 384 : "(...) c'est une tragédie qui (celle des peuples soumis à l'esclavage(...)ou déportés, décimés et anéantis), loin d'etre empéchée ou stoppée par le monde libéral, s'est développée en étroite connexion avec lui." Domenico Losurdo nous explicite comment, et l'on y voit plus clair...
Ce livre est aussi passionnant qu'agréable à lire, tant il est bien écrit. A la base cette thèse fut refusée à cause de son caractère trop littéraire, elle trouva finalement professeur à sa mesure en la personne de Philippe Descola. De la grande et belle anthropologie, pleine d'humanité...
Un parfait exemple de philosophie appliquée. La question morale y est lumineusement observée, à la fois objet d'enquête et d'analyse. Accessible à tous, ce livre est à mettre entre toutes les mains.
Un livre agréable à lire, qui se dévore facilement avec pour toile de fond les luttes des femmes pour leur émancipation. Ou comment trois destins féminins se nouent dans les années 90, puis 2000. Intéressant et bien écrit, ce livre est aussi une ode à l'amitié et à la féminité.
"Etre sans destin" est un livre bouleversant, de ceux qu'on ne lâche pas tant qu'on ne l'a pas terminé, et fondamental pour comprendre la Shoah. Ce voyage au bout de l'enfer qui, contre toute attente, d'après le narrateur, n'en était pas tout à fait un, tant l'humanité va se réfugier dans des recoins inattendus au sein de l'horreur, constitue à coup sur un des grands textes majeurs du XXème siècle.
Le style est direct, presque parlé et non dénué d'humour, pour nous narrer l'histoire déchirante de ce jeune garçon tout simple de 15 ans qui est le double d'imre Kertesz, lorsqu'il
subit la déportation à Auschvvitz, puis Buchenvvald ; nous le suivons dans son quotidien jusqu'à sa libération le coeur battant, pénétrés par sa réalité cauchemardesque.
"Etre sans destin" est à coup sur un livre à ne pas manquer.
humanité 0.0
De la manipulation des esprits en temps de capitalisme progressiste postlibéral, ce livre dénonce les tenants et aboutissants, les causes philosophiques et les conséquences idéologiques et matérielles. Cet essai frappe juste et fort dans une langue claire et concise : à découvrir sans hésiter, un auteur à suivre.
P14-15 : "En raison de ce "passage accéléré du possible au réel", l'idée d'homme-machine devra donc etre considérée à la fois comme synthèse d'une idéologie et principe de bioarchitecture. A cette fin, comprendre le modèle de réplication de l'idée, sa "propagande" (comment le modèle se constitue en modèle), est essentiel. Cela permet de saisir la nature du trans- et du posthumanisme, mais aussi la personnalité de ses représentants. Scientifiques, techniciens, futurologue d'une part ; marchands, financier, politiques d'autre part. Car cette technoscience, dès lors qu'elle requiert d'énormes investissements, est d'emblée un projet capitaliste. Précisons : postlibéral,résultant d'un capitalisme dévoyé. Pour conjurer le vertige et éviter la chute, demandons-nous : qui sont les avocats de cet homme-machine? Quels espoirs fondent-ils? Pourquoi des hommes de chair et d'os travaillent-ils à l'avènement d'une civilisation émergente, c'est-à-dire tout autre, une civilisation qui implique la disparition de ce que nous sommes?"
P31-32 : "cependant la malléabilité des esprit n'est pas immédiatement imputable au neuromarketing. Elle est d'abord une rançon de la modernit. L'abaissement des défenses personnelles est vrai de toute socit qui dépasse les positions axiologiques.Telle est notre société antitraditionnelle. L'homme y vit dans un tel état d'indétermination qu'il adopte, faute d'autres valeurs, la valeur progrès. S'ouvrir ainsi à l'iconnu revient à accueillir l'avenir faute d'avoir su reconnaitre le présent. Et ce n'est pas un hasard si le progrès en tant que tel, le progrès pour le progrès, est aux coeur des deux programmes de transformation de l'homme que sont le trans- et posthumanisme et le capitalisme postlibral.(...)Ainsi, qu'il fasse l'objet d'une reconstruction artificielle en vue de l'autotranscendance ou que l'"ordre spontané" de l'économie ne l'appareille au schéma de la production, l'homme devient un produit de la technologie". VViener, de Rougemont, Stiegler, Aristote, Mandeville, Habermas, Assange, Kant, La Mettrie, Keynes, Hayek, Benassayag...., beaucoup de penseurs sont convoqués pour interroger rien moins que la nature de la relation qui lie le corps à l'esprit, la question de la conscience ou encore celle de la fin de la mort... Passionnant.
P99 : "Cautionner les prophéties du posthumanisme revient donc o accorder sa confiance à la technoscience. Or celle-ci n'est pas une démarche abstraite , philanthropique. Elle est entre les mains du Marché. Les scientifiques sont intégrés parmi les possédants, quand ce ne sont pas les mêmes personnes. 5...) et si les recherches sur le dépassement de la mort sont l'une des visées terminales de ce centre, c'est du fait de l'expérience par les technocapitalistes californiens d'une limite dans le processus d'extension infinie du marché : la destruction par la maladie et par la mort du corps propre. Laquelle signera la fin de leur pouvoir terrestre. Imaginons un instant que la mort soit éradiquée. Que se passerait-il?" etc.....