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À découvrir
Alix de L n'a pas encore complété son profil
C’est un livre dur. Dur, noir, déprimant, sans espoir. Un policier, dans le sud des Etats Unis, des trafiquants de drogue, des tueurs à gage, un shérif, et l’homme qui passait par là au mauvais moment.
L’écriture est brute, dépouillée, rêche et rude. Des phrases courtes, lapidaires, les dialogues se passent du tiret cadratin, les points d’interrogation sont inconnus. J’ai été à deux doigts d’abandonner au début, agacée par la répétition de phrases truffées de « et » à croire que l’auteur n’avait pas de virgule à son clavier, un exemple au hasard
: "Il descend du véhicule et va à la porte et fait sauter la serrure avec son pistolet d’abattoir et entre dans la chambre et referme la porte derrière lui." Et des comme ça, il y en a deux par page.
On ne connait les personnages qu’à travers leurs actes et les échanges laconiques. Le seul qui s’écoute, le shérif, nous confie ses doutes, son pessimisme quant à l’évolution de la société, ses réflexions sur le bien et le mal, dieu et démon. On ne peut pas dire que l’histoire soit plaisante, non, mais on y entre, on veut sauver sa peau, on est dedans.
J’ai aimé, moins que La route, qui est largement aussi sombre, mais dont l’histoire m’a possédée totalement pendant les jours où je l’ai lu, et encore après. J’applaudis la performance de rendre autant de profondeur, d’épaisseur, avec une littérature aussi minimale, même si j’apprécierais un peu plus de formes.
Trop long
J’aurais mis la moyenne, si on pouvait couper les étoiles en deux, parce qu’il y a du bon quand-même dans ce livre. Le scénario, le cheminement que suit le récit passant de bouche en bouche, donne du relief à l’histoire et évite (trop de) la lassitude.
Mais que cet auteur est bavard ! Il fait des phrases, plutôt jolies d’ailleurs, mais il les accumule, il n’arrive plus à s’arrêter. Du coup c’est lent, ça s’étire, s’étale, pendant qu’on attend la suite. Pour moi, la moitié du nombre de pages suffirait, il en sortirait une histoire plus dense, plus forte, et on serait plus touché.
L’émotion est difficile à naître aussi en raison du manque de réalisme des personnages, qu’on a du mal à se représenter en face de soi. Il existe certainement des hommes aussi minables et sordides que le mari de Bénédicte Ombredanne, mais son passé juste effleuré est un peu léger pour expliquer un caractère aussi entièrement nuisible. Et Bénédicte elle, on lui voit tant de facettes différentes selon les moments de son histoire et les personnes qui la racontent qu’on n’arrive pas à la connaitre, son image est floue. Quant à leurs enfants, on dirait des figurants, ébauchés au crayon, plantés là pour le récit, sans consistance.
Je n'ai pas trouvé beaucoup d'amour, (ni beaucoup de forêts) dans ce roman.