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Le récit débute à la mort du père du narrateur : Joseph Calvin Vaughan. Il est alors âgé d'une dizaine d'années L'action se déroule à Augusta Falls, une petite ville perdue de Géorgie. L'Amérique profonde...Joseph et les autres enfants fréquentent l'école locale et comme la plupart des petits garçons de son âge il est secrètement amoureux de son institutrice. La vie y est calme, les habitants y vivent en bonne entente. Jusqu'au jour où une petite fille est retrouvée assassinée, mutilée, violée....."J'étais celui qui la connaissait le mieux de la classe" écrit Joseph. Puis
une deuxième fillette est découverte dans les mêmes circonstances, puis une troisième et ainsi de suite, le début d'une longue liste de meurtres, toutes des enfants entre huit et douze ans, toutes victimes du même monstre. Joseph se sent coupable : peut être aurait-il pu faire quelque chose pour éviter ces drames ? Peut être aurait-il pu protéger les fillettes ? Avec ses copains, il crée le groupe des Anges Gardiens, mais bien sûr les crimes continuent. Joseph se jure de découvrir l'assassin. Il grandit, mûrit, devient écrivain, mais la culpabilité le poursuit tout au long de sa vie qui s'avérera n'être qu'une longue succession de malheurs.
Ce livre n'est pas seulement un thriller ! C'est le récit de la vie d'un homme - racontée par lui-même - depuis la mort de son père jusqu'à la sienne. Bien sûr il y a les crimes horribles de ces petites filles et la volonté du narrateur de retrouver l'assassin pour y mettre fin qui servent de fil conducteur, mais bien plus que cela Joseph nous fait part de ses pensées, de son goût pour l'écriture, de ses amours, de ses angoisses. Il nous fait partager les malheurs qui émaillent sa vie. C'est un roman très, très noir, empli d'une immense tristesse : tant celle de la mort des enfants que du désastre de la vie personnelle de Joseph et de sa descente aux enfers. Le récit est très bien construit : Les chapitres relatant le déroulement de l'histoire alternent avec d'autres qui, on le comprend se rattachent au dénouement. L'écriture d'Ellory est belle, imagée, riche. Tous les personnages secondaires sont détaillés, tous prennent une grande importance au sein de l'histoire ; tous même la Mort qui est un personnage à part entière. "Elle (la Mort) arriva par la grand route, je crois, longeant la démarcation entre la terre de mon père et celle des Kruger. je crois qu'Elle arriva à pied, car plus tard, lorsque j'en cherchai, je ne trouvai ni empreintes de cheval, ni traces de bicyclette, et à moins que la Mort ne pût se déplacer sans toucher le sol, je supposai qu'Elle était venue à pied". L'ambiance est glauque, lourde, presque étouffante. Le suspense est permanent : l'auteur sait comment l'entretenir et ferrer ses lecteurs. Une fois commencé la lecture de ce livre, impossible de le lâcher.
Seul le silence est un roman à part entière, passionnant, envoûtant. Beaucoup plus qu'un thriller ! A lire absolument.
Qui est MAGNUS ? En premier lieu, ce sont six lettres brodées sur un foulard attaché au cou d'un ours en peluche. Cet ourson appartient à un petit garçon qui a été retrouvé dans les ruines d'une ville allemande, bombardée lors de la deuxième guerre mondiale. Recueilli dans un orphelinat, puis adopté par un couple allemand, il grandira sans aucun souvenir de ses cinq premières années entre ceux qu'il croit être son père et sa mère, élevé dans l'idéologie nazie, baptisé Franz-Georg en mémoire de ses deux oncles maternels morts en héros sur le front russe. Et puis le vent de
l'Histoire ayant tourné, les alliés envahissent l'Allemagne, la famille doit fuir jusqu'en Autriche. Le père de Franz-Georg, lui, est contraint de s'exiler en Amérique du Sud et ne donnera jamais plus de ses nouvelles. Sa mère s'épuise à l'attendre et finit par confier Franz-Georg à son frère aîné, pasteur, qui avait fui l'Allemagne lors de la montée du nazisme pour s'installer en Angleterre. L'enfant découvre alors un autre monde, une autre idéologie, il réalise que sa famille n'est pas celle qu'il croyait, il prend un autre nom. L'ourson l'a suivi et fait naitre en lui d'étranges bribes de ce qui pourraient être des souvenirs. C'est là que commence sa ""vraie" vie.
Entre le conte et le roman initiatique, Sylvie Germain nous livre ici le récit d'une quête d'identité, d'une recherche de soi. Comment un jeune homme, armé seulement de la certitude de ce qu'il n'est pas, pourra t-il un jour percer le mystère de son identité ? Pour cela il ne dispose que d'un fil conducteur : l'ourson ainsi que de rêves et de "flashes" : une femme environné de flammes, une langue étrangère inconnue mais aux accents toutefois familiers. Il va lui falloir grandir, mûrir, accepter d'aller très haut dans ses certitudes, sombrer très bas dans la désillusion et puis enfin tout abandonner.
Dans cet ouvrage, pas de chapitres, mais des fragments alternant avec des séquences ou des notules qui détaillent certaines images, qui expliquent certaines situations. La plume de Sylvie Germain est fluide, poétique ; beaucoup d'émotion se dégage du récit de la vie de ce petit garçon qui ne connait pas ses origines et qui malgré tout décide d'aller de l'avant. Magnus est un grand roman émouvant, poétique, éprouvant aussi. J'ai beaucoup aimé......
Qui connait la Courlande ? Qui sait ou se trouve cet état ? En tous cas, pas moi avant d'avoir lu ce livre dont le titre m'évoquait de grandes étendues, des chateaux romantiques perdus dans des forêts aux arbres centenaires, une certaine lenteur, voire même une certaine langueur.
C'est presque tout aussi ignorant des choses de ce pays que l'auteur a entrepris son voyage. Alors qu'il était jeune journaliste en mission au Canada, il avait fait la connaissance de Mara, une Courlandaise d'origine qui travaillait dans une librairie. Née de parents réfugiés au Canada afin de fuir l'invasion
allemande , elle ne connaissait rien de ce pays, à part ce que lui avaient raconté ses parents et les traditions qu'ils continuaient à observer. Jean paul Kauffmann tomba amoureux de Mara et bien entendu chercha à en savoir plus sur ce petit état de Lettonie situé au bord de la Baltique, coincé entre plusieurs pays dont la Russie, l'Allemagne et la Pologne qui l'avaient annexé tour à tour au fil des siècles. Une trentaine d'années plus tard, ean Paul Kauffmann est rentré en France depuis longtemps, mais il n'a jamais oublié Mara. Sous le prétexte d'écrire un reportage pour son journal, il part à la découverte de la Courlande avec sa femme Joëlle.
Là, il nous entraine à sa suite, de village en village, de chateau en chateau, guidé un temps par un professeur allemand qui connait bien le pays. Il s'étonne de voir tant d'usines, tant de bâtiments laissés à l'abandon, et croit reconnaitre Mara à chaque coin de rue. Il évoque ses rencontre avec les habitants : un rocker un peu déjanté, une française, une directrice d'école, et le mystérieux "Résurrecteur" qui emploie son temps à rechercher les corps des soldats allemands et ceux des "malgré-nous" tués lors de la dernière guerre. Il découvre l'histoire de la Courlande, ses périodes de grandeur et celles de déclin.
COURLANDE est un livre de voyage, mais aussi de mémoire et d'Histoire. J'y ai appris beaucoup de choses et en particulier que nous avions un certain passé commun avec ce pays : Je ne savais pas que Louis XVIII y avait passé une grande partie de ses années d'exil, ni que Madame Royale, la fille de Louis XVI s'y était mariée et y avait vécu après ses longues années d'enfermement à la Bastille. Jean Paul Kauffmann voyage lentement et nous aussi dans son sillage, son style nous accroche dès les premières pages, il sait nous transmettre tour à tour sa passion, son étonnement, ses déceptions et même sa curiosité. Ce qu'il nous livre dans ce livre est passionnant tant dans le domaine de la découverte de ce pays que de son Histoire. Il a même pensé au lecteur lambda et a ajouté à la fin de son livre un "Repaire chronologique" afin qu'il ne s'égare pas.
Une très belle découverte à conseiller aux amateurs de voyages et d'Histoire.
Dans Mali Ô Mali, nous retrouvons Madame Marguerite Bâ, née Dyumasi, institutrice à la retraite qui était le personnage principal du roman éponyme avec lequel Eric Orsenna nous avait régalé il y a quelques années. Nous y avions laissé Madame Bâ sur le point de retourner en France afin de sauver son petit fils Michel, abandonné par le monde du football dans lequel il révait de faire carrière, et d'après sa grand mère sur le point de sombrer dans la délinquance. Le récit se déroule de nos jours : le Mali est coupé en deux : le Nord livré aux djihadistes qui ont instauré la
loi islamique et font régner la terreur, le Sud refuge des populations fuyant les horreurs pérpétrées au Nord. Cette fois-ci, Madame Bâ, âgée de soixante dix ans, est mandaté par plusieurs de ses compatriotes, comme elle exilées en France, pour retourner au pays, leur rendre compte de ce qui s'y passe vraiment et éventuellement sauver le Mali de tout ce qui le gangrène : le terrorisme, les djihadistes, le trafic de drogue, la surpopulation, la corruption...... Car Madame Bâ n'est pas une femme ordinaire : c'est une "Grande Royale", une sorte de réincarnation de Jeanne d'Arc qui comme elle, entend des voix -car elle a l'ouïe très fine, Madame Bâ. Elle emmène dans ce périple son petit fils Michel -rescapé du monde du football et de celui de la délinquance- rebaptisé pour l'occasion Ismaël, et qui lui servira de griot. Il sera chargé de tout noter des faits et gestes de sa grand mère et de les transmettre ensuite au monde entier. Le courage et la détermination de Madame Bâ valent bien cela. Nous les suivons donc dans leur voyage, d'abord dans le Sud, puis remontant le Niger, fleuve majestueux et intrépide auquel Madame Bâ s'identifie, afin de remettre les djihadistes dans le droit chemin, rouvrir les écoles et distribuer des patchs contraceptifs.
Dans Mali Ô Mali, Eric Orsenna, par les voix de Madame Bâ et de son griot, se fait conteur. Il y aborde un sujet très grave mais grâce à son humour, et à sa plume généreuse il nous permet d'apprendre avec plaisir beaucoup de choses sur ce pays qui en ce moment fait la une des journaux télévisés et autres. J'ai adoré retrouver ce personnage qui m'avait déjà tant plu dans le livre portant le même titre. Madame Bâ est une personnalité truculente, haute en couleur, mais derrière son apparence de Don Quichotte, douée d'une très grande sagesse et d'une générosité sans bornes. Son petit fils et griot Ismaël, malgré son jeune âge arrive à tempérer un peu les excès de sa grand mère, quitte à employer quelque fois la ruse mais on voit bien qu'il éprouve une grande tendresse et une grande admiration pour elle. Les descriptions de personnages, les dialogues sont très drôles, Madame Bâ et son griot ne pratiquant pas la langue de bois. Ce livre est un hymne à l'Afrique, ce continent qui a tant de facettes. Même si l'auteur a cherché ici à nous distraire, c'est un récit amer qui n'épargne personne mais où l'espoir est présent partout. Vous l'aurez compris cette lecture m'a enchantée.
Un livre sans nom, publié par un auteur anonyme, et qui en plus est à la fois le titre du livre et son principal sujet.....Voilà qui déjà peut intriguer le futur lecteur. Car ce livre a bien été publié par un auteur anonyme sur internet, puis repéré par un éditeur judicieux. Les suppositions vont bon train quant à l'identité de cet auteur.....Qui a eu suffisamment de génie et d'audace pour mélanger des genres aussi différents que western, Kung Fu, crimes et fusillades, gore, surnaturel, vampires et morts vivants ? Car Le Livre Sans Nom, c'est tout cela à la fois et bien plus
encore.
L'action se déroule à Santa Mondega, une petite ville d'Amérique du Sud qui a pour particularité d'être à la fois la ville la plus dangereuse du monde et le lieu, tous les cinq ans, d'une éclipse totale de soleil. La ville est alors envahie par la pègre venue de partout et par les forces du mal. Cinq ans avant le début de l'histoire, un homme encapuchonné et armé jusqu'aux dents a fait son apparition : Le Bourbon Kid, surnommé ainsi parcequ'un verre de bourbon suffit à le déchaîner. Après son passage, la ville comptait au moins 300 morts. Une seule de ses victimes a survécu et après un long coma, elle se réveille amnésique....Cinq ans après la première apparition du Bourbon Kid, plusieurs personnages hauts en couleur se retrouvent à Santa Mondega : tous veulent s'approprier l'oeil de la lune, une pierre précieuse qui selon la légende permet à son propriétaire de se rendre maître de la lune. La terre pourrait ainsi selon le bon vouloir de ce personnage, être plongée dans une nuit éternelle.
Dès le début de la lecture, j'ai eu l'impression de regarder un film, enfin plusieurs films à la fois tellement les références y sont nombreuses et diverses. Les personnages sont taillés à la hache, presque des caricatures de héros de cinéma, les situations sont poussées à l'extrême, l'histoire part dans tous les sens, on sent que l'auteur ne s'est donné aucune limites. On est sans cesse surpris par les nombreux rebondissements, par les descriptions et les agissements des personnages tous plus déjantés les uns que les autres. Finalement on renonce à distinguer les bons des méchants : dans cet univers improbable, tout le monde a quelque chose à se reprocher.
J'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce livre, ce n'est pas de la grande littérature, j'ai même été parfois agacée par la crudité de certains dialogues et les répétitions, mais l'auteur a su littéralement m'emporter dans son délire. J'ai beaucoup apprécié son humour et cette lecture m'a fait passer des moments vraiment jouissifs. A partir du moment où j'ai passé la porte du bar "Le Tapioca", je n'ai pu en sortir qu'à la fin du récit, impatiente de lire la suite : L'Oeil de la Lune. Il ne faut surtout pas aborder ce livre de manière sérieuse mais s'armer d'une bonne dose d'humour et de second (voire troisième) degré. Ce n'est pas du tout ce qu'on pourrait appeler "un bon polar". Il ne rentre dans aucune catégorie : un ovni !!!
Premier ouvrage de l'auteur Tarun J. Tejpal, LOIN DE CHANDIGARH est un roman foisonnant, envoûtant, un hymne à l'amour sensuel, à la passion dévorante que deux êtres peuvent éprouver l'un pour l'autre. Il est du reste paru en anglais sous le titre de The Alchemy of the Desire qui, je trouve, correspond beaucoup plus au contenu du livre.
Le récit commence par la fin, au moment ou le couple se sépare ; et puis le narrateur reprend leur histoire depuis le début. Fizz et lui se sont connus pendant leurs études à Chandigarh, une ville nouvelle au nord de l'Inde. Lui devient journaliste,
essaie d'écrire un livre à plusieurs reprises, mais l'inspiration lui manque et ses essais terminent tous à la poubelle. Elle enseigne de temps en temps ou travaille pour une maison d'éditions. Pendant une quinzaine d'années ils s'aiment d'un amour torride, leur désir l'un pour l'autre n'est jamais assouvi. Après le décès de la grand-mère Bibi Lahori, le narrateur hérite d'une somme importante et tous deux décident d'acheter une maison dans un petit village au pied de l'Himalaya, afin de s'échapper de temps en temps de Delhi où ils étaient installés. Lorsque les ouvriers chargés de la rénovation du bâtiment trouvent un coffre de bois renfermant plusieurs dizaines de carnets intimes écrits par une femme, Catherine qui a occupé la maison un siècle auparavant, il se plonge dans leur lecture, s'y absorbe totalement. Cette lecture durera trois ans pendant lesquels il s'immergera dans ce récit au point d'être hanté par le spectre de son auteure et de perdre tout désir pour Fizz, s'apercevant à peine de sa présence. Elle finira par le quitter, spectatrice impuissante de son détachement envers elle.
Mais LOIN DE CHANDIGARH n'est pas seulement un roman d'amour. Il y a en fait deux histoires dans cet ouvrage : celui du couple du narrateur et de Fizz et celui de Catherine, une américaine qui, au siècle dernier, a fui sa famille pour s'émanciper et a suivi en Inde l'homme qu'elle aimait et avec qui elle partageait de nombreuses aventures érotiques. Avec l'histoire de Catherine, on visite le Paris libertin de l'entre deux guerres, on entre dans l'Inde des maharadjahs et on assiste au destin de cette femme frustrée par l'homosexualité de l'homme qu'elle aime et qui finira rejetée par son amant.
J'ai eu un peu de mal à entrer dans le livre, le début est lent et j'ai été un peu déstabilisée par la construction du récit ; j'ai trouvé des longueurs dans les cent premières pages, et puis j'ai été emportée par le style de l'auteur, la diversité des thèmes qu'il aborde, ses descriptions des personnages et des lieux, toujours détaillées, souvent poétiques ou humoristiques. C'est un roman passionné, passionnant ; la plume de l'auteur est à la fois puissante, évocatrice et légère, presque fluide. C'est à la fois un voyage dans l'empire des sens et dans ceux de l'Inde moderne et post-colonial. Jubilatoire.......
Le liseur du 6H27, c'est Guylain Vignolles : employé au pilon, il est aux commandes d'une impressionnante machine : la Zerstor 500 qui engloutit, déchire, et digère tous les livres qu'on lui fait ingurgiter. Elle les restitue ensuite sous forme d'une infâme bouillie qui en définitive servira a fabriquer d'autres livres, qui eux-mêmes s'ils ne trouvent pas preneurs.........Un cercle infernal ! L'ambiance de l'usine aussi est infernale : outre le bruit que fait la machine qu'il faut apprivoiser, nettoyer, bichonner, Guylain est harcelé sans cesse par un patron aussi tyrannique que ventripotent.
Alors, pour adoucir un peu sa journée et redonner vie aux livres qui vont être détruits, tous les matins, dans le TER de 6H27 qui l'emmène au travail il lit à haute voix les pages qu'il a dérobées la veille au monstre. A part Yvon, un de ses collègues qui ne s'exprime qu'en alexandrins et Giuseppe dont la machine a dévoré les jambes, Guylain n'a pas d'amis. Sa vie monotone se déroule entre son travail et son petit studio ou il retrouve tous les soirs Rouget de l'Isle le poisson rouge.
Mais bientôt, deux événements vont bouleverser sa vie : d'abord la rencontre avec deux vieilles dames, totalement envoûtées par ses lectures, qui lui demandent de venir lire ses textes dans leur maison de retraite et ensuite la découverte sur un siège du train d'une clef USB appartenant à une mystérieuse jeune femme.
Dans ce petit livre (218 pages), on retrouve un univers entre la fable, le conte et la réalité. Les personnages sont hauts en couleur et attachants : Guylain , bien qu'on aimerait qu'il se révolte un peu contre ce qu'il a l'air de considérer comme une fatalité. Giuseppe, devenu impotent à la suite d'un accident avec la machine et dont l'objectif est maintenant de retrouver ses jambes. Yvon son collègue, féru de théâtre classique qui parle uniquement en alexandrins. Sans oublier les deux vieilles dames et la jeune femme dont on ne fait connaissance qu'à la fin. Même la machine et le poisson rouge sont des personnages à part entière dans cet univers un peu délirant.
C'est un récit à la fois drôle, poétique, émouvant. L'auteur y évoque les thèmes de la solitude, de la frustration due à une vie et à un emploi médiocre, mais aussi celui de l'amitié, de l'espoir , de l'amour des livres et de la lecture. Un livre qui vous fait sourire, et même parfois rire, qui vous redonne bonne humeur. Un livre à savourer.....
Inutile de préciser que j'ai beaucoup aimé cette lecture.
Un énorme merci à ENTREELIVRES et aux Editions AU DIABLE VAUVERT pour cette belle découverte.
En général les enquêtes de Kay Scarpetta peuvent se lire dans le désordre. DOSSIER BENTON est une exception : c'est la suite directe de CADAVRE X. Si vous n'avez pas lu le premier vous risquez de ne pas comprendre grand chose au second. Dans cet ouvrage Kay Scarpetta se retrouve dans une position délicate, piègée par le "Loup garou", le tueur démoniaque Jean Baptiste Chandonne. Les événements récents relatés dans CADAVRE X l'ont complétement déstabilisée et elle n'arrive toujours pas à se remettre de la disparition de son amant Benton Wesley. En plus de cela, une enquête de police
la chasse de chez elle et elle doit se réfugier chez son amie la psychiatre Anna Zenner. Soupçonnée du pire, il semble que personne ne veuille croire à son innocence et elle doit lutter pour garder la tête hors de l'eau.
Je dois dire que toute la première partie du livre m'a profondément ennuyée : Anna Zenner entreprend une sorte de psychanalyse de Kay Scarpetta et celle-ci se met à nu, laissant ses sentiments et ses émotions remonter à la surface, mais c'est long....confus. On apprend un peu plus loin dans le livre le pourquoi de ces entretiens qui certes ont leur importance dans l'histoire, mais personnellement cela ne m'a pas appris grand chose et m'a vite lassée. Heureusement la deuxième partie est un peu plus animée, mais Kay blessée et tourmentée laisse de côté son rôle de médecin légiste et par là même d'enquêtrice et la fin du livre que j'ai trouvée un peu catapultée, presque baclée, m'a laissée dubitative... Comme si l'auteure décidait tout d'un coup qu'il était temps de terminer cette histoire et qu'il lui fallait trouver une fin qui tienne à peu près debout.
Dans ce tome, parmi les personnages principaux, il n'est pratiquement question que de Kay Scarpetta ; Lucy est presque absente, Marino ne fait que de brèves apparitions et se montre sous son plus mauvais jour. Par contre c'est Jaime Berger, la procureure venue de New York qui mène la danse, et Anna Zenner y tient un rôle assez important.
Je ne m'avoue quand même pas vaincue par cette lecture décevante et je vais continuer avec le tome suivant : BATON ROUGE.
Sofi Oksanen situe son roman dans son pays natal l'Estonie, petit pays d'Europe du Nord, coincé entre la Lettonie, la Russie, et la Finlande et régulièrement convoité et envahi au cours de son Histoire, tour à tour par la Russie et l'Allemagne. PURGE est un roman construit en allers-retours. Il débute en 1992 au moment ou la vieille Aliide découvre une jeune fille, Zara, cachée dans son jardin. Puis il oscille entre les années 50 pendant lesquelles l'Estonie est occupée par la Russie, et deux années de la vie de Zara 1990/1991.
Dans une ferme d'un village de l'Estonie occidentale
vit Aliide, vieille femme solitaire et un peu misanthrope. Elle sort peu de chez elle, car elle est régulièrement chahutée par les jeunes du village, certainement à cause de son passé trouble. Lorsqu'un beau matin, elle découvre une jeune fille endormie au fond de son jardin, sale et trempée, elle ne peut s'empêcher de la faire rentrer chez elle, seulement pour quelques heures : le temps qu'elle se sèche et se restaure. Mais Aliide est curieuse, d'où vient cette jeune fille ? Les vêtements qu'elle porte sont de trop bonne qualité pour avoir été achetés en Estonie ou en Russie. De plus Zara a peur : elle fuit son mari violent et c'est pour cela qu'elle s'est réfugiée dans le jardin d'Aliide. Peu à peu, après un temps de méfiance, les deux femmes s'apprivoisent et font connaissance. Les questions d'Aliide fusent, les réponses de Zara -entre mensonge et demi-vérité - suivent. Quel est le lien qui les unit ? Au fil de leur conversation, les pièces du puzzle s'assemblent et le voile se lève sur un terrible secret de famille dont Aliide est la détentrice.
PURGE est un roman fort sur la guerre, les purges, les déportations, mais aussi sur l'amour, la jalousie, le mensonge et la trahison. C'est un récit plein de sensibilité, passionnant, qui se lirait presque comme un thriller si on n'était pas sans cesse ramenés à la réalité, rattrapés par l'Histoire et ses atrocités. C'est aussi un roman sur les femmes, dans lequel les hommes n'ont pas le beau rôle, malfaisant pour la plupart, ou passif. Aliide et Zara ont toutes deux un passé bouleversant. Elles ont fait des choix qui ne se sont pas avérés être les bons et ont été détruites par le rouleau compresseur de l'Histoire de leur pays.
De plus, ce livre très bien écrit est à la fois roman et documentaire et nous permet de découvrir l'Estonie, ce petit pays méconnu et pourtant si proche de nous, et son Histoire. Certains passages du livre sont très durs, très crus, presque insoutenables et on pourrait se perdre un peu entre les époques, les multiples retours en arrière et les changements de lieux, si l'auteure n'avait prévu d'inclure en annexe une carte géographique et un rappel des dates principale de l'Histoire du pays.
PURGE est un livre "coup de poing" ; tout au long du récit, on en prend plein la figure, on ne peut pas sortir indemne de cette lecture. Elle a été pour moi un véritable coup de coeur.
LA CUISINIERE D'HIMMLER
L'histoire débute à Marseille en 2012. Nous faisons la connaissance de Rose, une alerte centenaire qui malgré son grand âge tient encore un petit restaurant. Elle se décrit elle-même : "A près de cent cinq ans, il ne me reste plus qu'un maigre filet de voix, cinq dents valides, une expression de hibou , et je ne sens pas la violette". Rose a décidé depuis quelques temps d'écrire ses mémoires, et elle a beaucoup de choses à raconter.
Rose est née en Arménie au début du vingtième siècle : elle voit toute sa famille disparaître lors du massacre de son peuple par les Turcs. Elle a alors sept ans et sa vie ne va être qu'une succession de drames. Vendue comme esclave, elle finit par s'échapper et être recueillie, puis adoptée par un couple de paysans provençaux. Pendant quelques années c'est le bonheur, elle mène la vie d'une enfant, puis d'une adolescente normale . Mais le sort s'acharne sur elle. A la mort de ses bienfaiteurs, elle est contrainte de fuir à Paris où elle ouvrira son premier restaurant avec son mari. Puis arrive la guerre, la déportation des siens. Son périple va la mener ensuite en Allemagne nazie à la recherche de son mari et de ses enfants, en Amérique, puis en Chine maoïste avant de se fixer à Marseille. Rose va en définitive traverser le siècle, de génocides en conflit mondial, et grâce à ses talents de cuisinière rencontrer des personnages aussi divers qu'Hitler, Himmler, Jean Paul Sartre ou Johnny Hallyday. Elle va voir sa vie détruite à plusieurs reprises, devoir se reconstruire ; jamais elle ne perdra son énergie ni sa faim de vivre mais elle gardera toujours sur elle la liste de ses bourreaux qu'elle n'hésitera pas à éliminer les uns après les autres. Et surtout elle restera libre.
A travers la vie de cette truculente cuisinière, mi aventurière mi mamie-flingueuse, un peu lubrique, et très politiquement incorrecte, Franz Olivier Giesbert nous fait traverser toutes les tragédies du siècle passé et en profite pour régler ses comptes avec certains personnages. Comme Jean Paul Sartre en particulier, qu'il n'épargne pas. Certains passages m'ont semblé quelquefois un peu exagérés, comme celui sur la relation de Rose avec Himmler, mais il ne faut pas oublier que malgré la documentation historique très riche du livre, on est en plein roman. L'auteur a un vrai talent de conteur et un style à la fois enjoué et fluide. La Cusinière d'Himmler est un livre qu'on ne lâche plus une fois qu'on l'a commencé. J'ai beaucoup aimé.