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À découvrir
Franz-Georg n'a pas de souvenirs d'avant ces cinq ans. Ses parents lui ont raconté qu'il avait été très malade, qu'il avait failli mourir. Son père Clemens Dunkeltal est médecin et ne s'occupe pas de lui mais l'enfant aime l'entendre chanter. Franz-Georg a un compagnon dont il ne se sépare jamais : Magnus son ours en peluche.
Un beau jour, la famille doit quitter sa maison, la guerre a changé la donne, le père doit fuir, laisser son hôpital et se réfugier à Friedrichshaffen, une petite ville où la famille change de nom. L'enfant commence à se poser des questions, il entend
à la radio que son père est recherché pour crime contre l'humanité alors qu'il était censé diriger un hôpital ravagé par le typhus. Maintenant Franz-Georg s'appelle Frank Keller.
Le père de Franz s'exile au Mexique, il part en éclaireur et sa famille le rejoindra plus tard. Le temps passe et Franz comprend que son père était officier nazi, médecin de camp de concentration, il a envoyé de nombreux juifs dans les chambres à gaz et en a tué d'autres par injection. La mère de Franz fidèle à l'idéologie nazie, par fierté ou par conviction protège le souvenir de son mari et crie au complot. Un beau jour Théa la mère de Franz lui présente son frère Lothar qui s'était exilé longtemps auparavant en Angleterre car opposant au régime nazi.
Franz part avec Lothar et change encore de nom, il prend celui de Schmalker , il change également de prénom, il devient Adam, il repart à zéro, recommence une nouvelle vie en Angleterre s'efforçant d'oublier qu'il est le fils d'un bourreau nazi. Il grandit en Angleterre étudie les langues et devenu adulte décide de partir aux Etats Unis où il fait la connaissance de May qui lui permettra de découvrir quelques éléments de son passé.
Superbe roman sur la quête d'identité d'un homme qui n'est pas sûr de ces origines et qui pour fuir un passé terrible et réagir aux découvertes qu'il fait sur lui-même doit redémarrer plusieurs fois sa vie à zéro. Pas tout à fait à zéro car chaque nouvelle expérience lui apprend quelque chose sur lui même et sur son passé. L'ours Magnus est le seul élément stable dans la vie du jeune homme qui finit par choisir le nom de Magnus lui aussi après avoir compris pourquoi il n'avait pas de souvenir avant cinq ans. Un roman servi par une plume poétique qui se lit d'une traite.
"Alors, le coeur palimpseste a révélé d'autres sonorités encore, plus assourdies que les précédentes ; elles se déployaient en ondes ténues, à peine perceptibles, comme si elles remontaient de loin , de l'amont de son âge. D'avant même sa naissance, peut-être, du temps où son corps se formait lentement dans la nuit liquide du corps maternel"
Ayant aimé l'écriture de Petites scènes capitales mais pas totalement l'intrigue, j'avais envie de retrouver cette écriture à travers une autre histoire. Je n'ai malheureusement pas été plus convaincue et même, je pense que j'ai préféré l'écriture de son tout dernier roman. J'ai du mal à accrocher à sa mise à distance des personnages, c'est en tout cas l'impression que je ressens en la lisant.
MAGNUS de Sylvie GERMAIN
Qui est MAGNUS ? En premier lieu, ce sont six lettres brodées sur un foulard attaché au cou d'un ours en peluche. Cet ourson appartient à un petit garçon qui a été retrouvé dans les ruines d'une ville allemande, bombardée lors de la deuxième guerre mondiale. Recueilli dans un orphelinat, puis adopté par un couple allemand, il grandira sans aucun souvenir de ses cinq premières années entre ceux qu'il croit être son père et sa mère, élevé dans l'idéologie nazie, baptisé Franz-Georg en mémoire de ses deux oncles maternels morts en héros sur le front russe. Et puis le vent de l'Histoire ayant tourné, les alliés envahissent l'Allemagne, la famille doit fuir jusqu'en Autriche. Le père de Franz-Georg, lui, est contraint de s'exiler en Amérique du Sud et ne donnera jamais plus de ses nouvelles. Sa mère s'épuise à l'attendre et finit par confier Franz-Georg à son frère aîné, pasteur, qui avait fui l'Allemagne lors de la montée du nazisme pour s'installer en Angleterre. L'enfant découvre alors un autre monde, une autre idéologie, il réalise que sa famille n'est pas celle qu'il croyait, il prend un autre nom. L'ourson l'a suivi et fait naitre en lui d'étranges bribes de ce qui pourraient être des souvenirs. C'est là que commence sa ""vraie" vie.
Entre le conte et le roman initiatique, Sylvie Germain nous livre ici le récit d'une quête d'identité, d'une recherche de soi. Comment un jeune homme, armé seulement de la certitude de ce qu'il n'est pas, pourra t-il un jour percer le mystère de son identité ? Pour cela il ne dispose que d'un fil conducteur : l'ourson ainsi que de rêves et de "flashes" : une femme environné de flammes, une langue étrangère inconnue mais aux accents toutefois familiers. Il va lui falloir grandir, mûrir, accepter d'aller très haut dans ses certitudes, sombrer très bas dans la désillusion et puis enfin tout abandonner.
Dans cet ouvrage, pas de chapitres, mais des fragments alternant avec des séquences ou des notules qui détaillent certaines images, qui expliquent certaines situations. La plume de Sylvie Germain est fluide, poétique ; beaucoup d'émotion se dégage du récit de la vie de ce petit garçon qui ne connait pas ses origines et qui malgré tout décide d'aller de l'avant. Magnus est un grand roman émouvant, poétique, éprouvant aussi. J'ai beaucoup aimé......